Dessins

Rembrandt trait pour trait

Le Journal des Arts

Le 27 juillet 2007 - 567 mots

Le cycle d’expositions lié à l’année « Rembrandt » s’achève sur la présentation, à l’Institut Néerlandais, d’une collection d’études du maître et de ses élèves aussi riche que méconnue.

PARIS - L’Institut Néerlandais clôt les célébrations du quatrième centenaire de la naissance de Rembrandt, et inaugure par la même occasion la Saison Néerlandaise à Paris, avec la première présentation en France de la prestigieuse collection du Kupferstichkabinett de Berlin. À l’initiative de Holm Bevers, directeur-adjoint de cette institution, l’Hôtel Turgot, Rue de Lille, accueille, avant le Museum het Rembrandthuis d’Amsterdam, 55 dessins du maître ainsi que 25 feuilles réattribuées à ses élèves à l’occasion de récentes études.
Sobrement encadrées, les œuvres sont accrochées suivant une parfaite symétrie, sur des murs blancs ponctués de bouquets de tulipes. Une impression d’uniformité qui contraste avec la diversité des techniques employées : pierre noire des études de personnages des premiers temps et des paysages des années 1640, sanguine, encre brune ou encore encre ferrogallique, dont l’oxydation produit une morsure caractéristique du papier. Rarement exécutées en préparation à des tableaux, les études interviennent en cours de réalisation, afin de préciser une attitude ou une composition, comme pour La Prédication de saint Jean-Baptiste (1635). Mais le plus souvent, ce sont des œuvres autonomes qui offrent un répertoire de modèles pour le peintre et ses élèves. Ainsi, certains personnages bibliques de tableaux ou gravures reproduisent-ils le Vieillard assis aux mains jointes (vers 1631).
Spécialités de la peinture flamande, les scènes de genre comme Le Charlatan (1630) ou Intérieur au bœuf écorché (vers 1665), et les paysages sont également représentés. La Ferme au bord de l’eau (1647-1648) est représentative de ces ébauches en traits vifs sur des carnets de croquis de petit format. Le Portrait de Saskia en fiancée (1633) est pour sa part un des rares exemples de ce genre dans l’œuvre dessinée de Rembrandt. Il trône sur la cheminée comme dans un écrin. Si, au cours du temps, les thèmes évoluent, le maître manifeste cependant un intérêt constant pour les scènes bibliques, que l’on retrouve de 1620 à 1660. Parmi elles, celles d’après La Cène de Léonard de Vinci témoignent de l’étude continuelle de l’œuvre d’autres artistes.
Aussi bien dans ses peintures que dans ses dessins, Rembrandt produisait spontanément et corrigeait son travail à mesure. En témoignent les nombreux repentirs du Christ de L’Élévation de la Croix (vers 1655-1658). Il a néanmoins fait preuve de styles très différents. Le tracé fougueux de La Lamentation (vers 1635) restitue l’intensité dramatique d’une scène purgée de tous détails parasites, tandis que certains visages minutieusement dessinés, à l’image des feuilles d’études, s’attachent à saisir avec précision la vérité d’une expression. Sa manière ira vers un trait plus posé et anguleux à la fin de sa vie.
Cette exposition permet de découvrir un ensemble important d’œuvres du maître servies par des cartels riches en informations. La confrontation de sa production avec celle de ses élèves, comme Gerbrand van den Eeckhout, fournit de plus au visiteur des éléments qui ont permis l’attribution de 71 des 126 dessins de la collection à l’entourage de Rembrandt.

Rembrandt… bouquet final

Dessins du Kupferstichkabinett de Berlin, jusqu’au 11 mars 2007, Institut Néerlandais, 121, rue de Lille, 75007 Paris, tél. 01 53 59 12 42, tlj sauf lundi 13h-19h. Catalogue, 147 p., édité par la Fondation Custodia, 25 euros. - Commissaire : Mària van Berge-Gerbaud, directrice de la Fondation Custodia - Nombre d’œuvres : 80

Les 50 ans de l’Institut

L’inauguration le 11 janvier, en présence de la reine Beatrix, de « Rembrandt… bouquet final » a lancé les célébrations des 50 ans de l’Institut Néerlandais, à Paris. Cette première Saison néerlandaise en France, organisée en collaboration avec CulturesFrance, propose au public des manifestations pluridisciplinaires représentatives de la culture des Pays-Bas. Cinquante événements culturels majeurs répartis dans toute la France rendent hommage à une brillante tradition artistique, autour de Rembrandt ou des Maîtres du Nord au Musée Calvet à Avignon, ainsi qu’à la vivacité de la création moderne et contemporaine, avec César Domela au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, ou le graphisme à Échirolles ou à Paris. La mode, l’architecture, la musique baroque ainsi que le jazz, les arts vivants et le cinéma témoignent de la richesse créative de ce pays. Le programme de l’ensemble de ces festivités est consultable sur le site www.institutneerlandais.com.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°252 du 2 février 2007, avec le titre suivant : Rembrandt trait pour trait

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