Alors que la Grèce déploie une emphase déraisonnable pour relater la crise qui la frappe, le pavillon voisin de la Roumanie a misé sur la dématérialisation et le dénuement avec une proposition très maligne.
Rétrospective jouée des « hits » de la Biennale de Venise sur cent ans, l’œuvre collective et appropriationniste d’Alexandra Pirici et Manuel Pelmus offre une expérience drôle et pertinente, intense et légère. Certains y auront vu du sous-Tino Sehgal, c’est heureusement bien mieux et surtout plus réussi que les dernières tentatives du « maître » de l’immatériel.
Dans l’espace totalement vide du pavillon, un groupe de performeurs enchaîne ainsi tout au long de la journée les postures et figures, entre décontraction et sérieux, agilité et fatigue, tandis qu’une récitante annonce l’œuvre en la décrivant (lors de notre passage, des photographies de Cindy Sherman exposées en 2011 et une sculpture de Guo-Qiang de 1999). Symbole de crise ou de résistance au consumérisme artistique, l’œuvre est quoi qu’il en soit une bonne réflexion sur l’art de la transmission et une résistance flagrante à la mise en images.
Représentation incarnée dans l’expérience de la performance ou symbole du « présentéisme » actuel mâtiné de conscience historique, cette rétrospective immatérielle a le don de séduire et d’interroger les attentes du public. Pied de nez ironique à la grandiloquence spectaculaire de certains pavillons et déclaration de goût, l’œuvre du duo roumain impose ses choix et son regard, se moque des palmarès et ravit les suffrages avec dépouillement.
« Alexandra Pirici et Manuel Pelmus : An Immaterial Retrospective of the Venice Biennale », jusqu’au 24 novembre 2013, jardins de la Biennale, Pavillon roumain, www.labiennale.org
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Recette de crise au pavillon roumain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Recette de crise au pavillon roumain