Le peintre français Paul Rebeyrolle est décédé depuis six ans et il reste encore beaucoup à faire autour de son œuvre prolifique commencée en 1950. Si des expositions sont régulièrement programmées – à l’espace Fernet-Brancat en 2005, au Musée de Valenciennes en 2009 et, bien sûr, à l’espace Paul Rebeyrolle à Eymoutiers –, ses œuvres sont toutefois peu présentes dans les grandes collections publiques. Ainsi, le Centre Pompidou ne possède que La Truite datant de 1955 (en dépôt à Besançon) et un Clonage de 2001 acquis seulement en 2004, alors même que la Tate Modern détient trois œuvres de l’artiste. Cherchez l’erreur.
En revanche, Rebeyrolle a toujours été suivi par les collectionneurs, dont François Pinault. L’artiste se disait même « extrêmement favorisé pour avoir eu un public de vrais amateurs. » Il confiait aussi : « Avoir rencontré un ostracisme aussi fort me prouve que je n’ai pas suivi le chemin du conformisme. Mon plus grand luxe, c’est de ne pas être un larbin. » Assurément, l’homme est frondeur, aimant se voir en sanglier. De grandes figures intellectuelles non plus ne s’y sont pas trompées, dont Jean-Paul Sartre puis Michel Foucault qui lui aussi ne saura résister à l’attaque de cette peinture : « Rebeyrolle a trouvé le moyen de faire passer d’un seul geste la force de peindre dans la vibration de la peinture. »
À l’initiative du commissaire Philippe Piguet [collaborateur de L’œil], la Fondation Salomon à Alex dresse le portrait de l’homme en une trentaine de ses tableaux et sculptures. Figurative, épaisse, terrienne, sa peinture porte l’empreinte de son esprit en révolte et sans concession, une peinture en force. Il faut rappeler qu’enfant, Rebeyrolle resta plâtré de longs mois et vécut alité, à s’inventer le monde qu’il ne pouvait parcourir, à exprimer ce bouillonnement. Cela forge un caractère. Alors quand ce Limougeaud débarque à Paris à la fin des années 1940, il fait mouche d’emblée : prix de la Jeune Peinture en 1950 et prix Fénéon en 1951, période glorieuse représentée à Alex par les cinq mètres quarante de long de La Pluie et le Beau Temps, de 1957-1963.
Le parcours savoyard s’organise ensuite autour des thématiques de la nature, de l’homme et de la société. Les Implosions (2004), Un temps de chien (1984-1985), des nus et des paysages : d’Alex va sourdre cet été la colère d’un homme restée intacte dans une peinture d’instinct.
Fondation Salomon, 191 rue du Château, Alex (74), tél. 04 50 02 87 52, www.fondation-salomon.com, du 9 juillet au 6 novembre 2011.
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Rebeyrolle, peintre à l’instinct
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°637 du 1 juillet 2011, avec le titre suivant : Rebeyrolle, peintre à l’instinct