« N’ayant plus rien à perdre, ni dieu en qui croire, afin qu’ils me rendent mes amours dérisoires, moi, comme eux, j’ai prié les cargos de la nuit », écrivait Gainsbourg en 1971 dans le sublime album Melody Nelson.
La chanson faisait allusion au culte des avions-cargos pratiqué par les indigènes de Nouvelle-Guinée après la Seconde Guerre qui, voyant les militaires occidentaux larguer des vivres, se mirent à leur tour à créer des pistes d’atterrissage et des tours de contrôle factices. Adorés, les avions devaient revenir leur apporter bonheur et prospérité.
La jeune commissaire allemande Bettina Klein en imagine une lecture actualisée au Credac. En toile de fond, le sociologue Jean Baudrillard qui revint en 1970 sur le mythe du cargo pour mieux commenter les moyens d’expression de la publicité moderne devenue stratégiquement promesse de bonheur, guide ou service. En guise de point de départ contemporain, les mouvements anti-pub.
Au final, un parcours d’œuvres, de vidéos et de documents qui devrait compter sur les artistes, de Bernard Rancillac ou Gérard Fromanger à Daniel Pflumm et Franck Scurti pour déchiffrer le lien entre la publicité et l’espace public.
« Le Mythe du cargo », Centre d’art d’Ivry-sur-Seine (Credac), 93, avenue Georges Gosnat, Ivry (94), tél. 01 49 60 25 06, jusqu’au 11 mars 2007.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°588 du 1 février 2007, avec le titre suivant : Publicité et espace urbain