Le village accueille tout au long de l’été dans ses espaces publics les œuvres d’une vingtaine d’artistes. Des sculptures disséminées au fil des remparts, ruelles, places.
Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes). L’histoire entre les artistes et le village ne date pas d’hier. L’hôtel-restaurant La Colombe d’or conserve sur ses murs le souvenir de ceux qui ont fait ses heures glorieuses : Picasso, Matisse, Braque, Calder ou encore Chagall qui repose dans le cimetière. À la Fondation Maeght toute proche, Miró, Giacometti et après eux de nombreux créateurs contemporains ont instauré un dialogue fructueux avec l’architecture et la nature provençale. Olivier Kaeppelin, ancien directeur de la Fondation, a souhaité poursuivre et renforcer ce lien entre art et vieilles pierres en créant cette Biennale internationale d’art contemporain, dite « BIS ». « Cette première édition répond à la volonté de Saint-Paul-de-Vence de rappeler que, s’il est un lieu patrimonial, c’est aussi un lieu où s’est racontée une histoire de la création artistique française, européenne et internationale. »
Le parcours commence par deux Autoportraits (1980-1986) en carreaux de faïence blancs de Jean-Pierre Raynaud dans la chapelle Sainte-Claire. En face, à l’entrée du village, Renaissance (2010) par l’artiste chinois Wang Keping. Plus loin, Tania Mouraud a conçu une installation avec des plants de lavande en fleurs déclinant un texte tiré de l’opéra de Philip Glass Einstein on the Beach : « Tout doit avoir une fin Sauf Mon Amour Pour Toi. »
Sur le terrain de pétanque est disposée une sculpture mobile en acier corten de Gabrielle Conilh de Beyssac, ancienne étudiante de la Villa Arson et des Beaux-Arts de Paris. Rock Shift Giant (2011), signé Arik Levy, en acier inoxydable poli, se dresse non loin. On suit la promenade le long du rempart de François Ier. À l’époque des guerres d’Italie, le roi de France fit du village frontalier une place forte. Au sol, l’installation Matrice/assise (2015) d’Agnès Thurnauer assemble des socles en forme de lettres. Sur la place de l’église, une sculpture en bronze de Jan Fabre, actuellement exposé à la Fondation Maeght, accueille le visiteur : L’Homme qui porte la croix (2015). C’est précisément de la Fondation que s’est inspirée Morgane Tschiember. En hommage à la ligne blanche tracée par Miró, celle-ci a marqué de son empreinte le mur des remparts à l’aide d’une ligne de pigments d’algues, intervention minimaliste.
Installée en majesté, la sculpture d’Antony Gormley, silhouette humaine de cubes superposés, entre la figure et l’abstraction, dialogue avec le paysage en arrière-plan. Le Britannique devrait se voir à son tour consacrer une exposition à la Fondation Maeght en 2020. Ailleurs, le parcours dévoile des œuvres de Vincent Barré, Vincent Mauger, David Nash, Vladimir Skoda, Henk Visch, Isabelle Giovacchini, Quentin Spohn…
En privilégiant la découverte au détour d’un angle, d’une place, sans jamais jouer la carte démonstrative, cette première BIS a su rester à l’échelle du village. Il s’en dégage une certaine poésie, en harmonie avec l’esprit du lieu. Ce n’est pas la moindre de ses qualités, outre le choix des pièces qui dénote une volonté de montrer la sculpture contemporaine dans sa diversité. Pour la prochaine édition, il est question de conjuguer art et littérature.
jusqu'au 31 Août, www.bis-art.com
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°505 du 6 juillet 2018, avec le titre suivant : Première édition de la Biennale internationale de Saint-Paul-de-Vence