Photographie

Arles (13)

Poussière d’étoiles

Musée départemental Arles antique – Jusqu’au 5 novembre 2023

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 26 septembre 2023 - 339 mots

Vestiges -  Les murs et le sol sont noirs. Nulle lumière, sinon celle qui illumine des fragments colorés, présentés sur des tiges, comme en lévitation, ou bien posés sur du sable noir ou encore photographiés.

Ce sont les vestiges d’une maison italique du Ier siècle avant notre ère, antérieure à la création de la colonie romaine : un opulent propriétaire avait fait venir d’Italie un artisan pour l’orner de fresques. Les années passèrent, la maison fut détruite, et les siècles s’enfuirent jusqu’à ce que les ruines soient exhumées en 2014, sur le site de la Verrerie à Arles, sur la rive droite du Rhône. Des pans de fresques pompéiennes encore en place furent prélevés, les morceaux brisés au sol collectés. Classés dans pas moins de 800 caisses, ils devinrent pour les archéologues du Musée Arles antique, sous l’égide d’un toichographologue spécialiste des enduits peints de l’INRAP (spécialiste des enduits peints de l’Inrap), qu’ils s’attachent à présent à remonter. La photographe-plasticienne Marguerite Bornhauser, en résidence sur le chantier de fouille, a été témoin de ces découvertes, qui ont abouti notamment au remontage de la figure d’une harpiste : cette dernière a donné son nom à la demeure exhumée, qu’on appelle désormais « la maison de la harpiste », et dont le Musée Arles antique espère exposer les décors dans ses salles en 2028. Mais ce ne sont pas ces figures qui ont attiré l’attention de Marguerite Bornhauser. Elle a préféré regarder des fragments modestes, sans motifs. Dans son exposition, ils deviennent comme des astres, évoquant l’infiniment petit, l’infiniment lointain et des temps immémoriaux. Peut-être les couleurs de ses photographies apparaissent-elles trop criantes et l’éclairage sur ces pièces un peu trop fort, si on les compare à la douce lumière qui émane des enduits peints, dont Vitruve écrivait au Ier siècle avant J.-C. dans son traité d’architecture, qu’il était préférable de protéger le cinabre, précieux fragment vermillon, de la lumière directe. L’exposition n’en pointe pas moins avec poésie la fragile beauté de ces fragments, dans un temps et un espace tous les deux infinis.

« Retour à la poussière. Back to dust »,
Musée départemental Arles antique, presqu’île du Cirque-Romain, Arles (13), www.arlesantique.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°768 du 1 octobre 2023, avec le titre suivant : Poussière d’étoiles

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