Pour asseoir l’art dans la vie

À partir de 1860, le mouvement esthétique fédère des artistes d’horizons variés autour de l’affirmation de « l’art pour l’art », soit le plaisir procuré par les beaux objets, la sensualité des matériaux et le rejet de la narration. Au néogothique dominant et à ses valeurs morales, les Esthètes préfèrent le japonisme et ses solutions formelles innovantes ; les aplats de couleurs et le traitement ornemental. Dans Symphonie en blanc n° 2, James Whistler met ainsi en scène, dans un intérieur japonisant, une belle jeune femme languide. Ce tableau, qui n’est ni un portrait stricto sensu ni une référence littéraire, est aux antipodes du goût de l’époque et est très mal reçu.

L’Esthétisme se revendique comme un art de vivre et tend à intégrer la beauté dans toutes les strates de la vie ; l’habitat, l’habillement mais également l’attitude, il est d’ailleurs à l’origine du dandysme. Cette volonté d’art total explique que le courant trouve son accomplissement le plus abouti dans les arts décoratifs, notamment dans les créations du designer Christopher Dresser et le mobilier dessiné par Edward William Godwin. Avec plus de deux cent cinquante pièces, cette exposition est l’une des plus importantes consacrées à ce mouvement. La manifestation sera présentée en septembre à Orsay.