Dans son atelier musée, l’œuvre du sculpteur est mise en perspective au travers d’une sélection de photographies personnelles, révélant la complexité de l’homme.
PARIS - Entrer dans l’intimité du sculpteur Antoine Bourdelle par la photographie : voilà le propos de l’exposition « Bourdelle intime » présentée dans son atelier musée parisien.
L’artiste, connu pour ses œuvres monumentales, est ici mis en lumière au travers d’une soixantaine de photographies, de dessins et de petites œuvres, qui retracent une personnalité complexe et une méthode de travail subtile. La commissaire de l’exposition, Stéphanie Cantarutti a pu sélectionner dans l’immense fonds photographique de l’artiste (15 000 tirages et négatifs) pour faire émerger trois axes : l’intimité de l’atelier, de la famille, et celle des formes.
Dans son atelier à Montparnasse, Bourdelle travaille entouré de collaborateurs et amis de passage. D’abord modeste, le lieu deviendra à la fin de sa vie une véritable ruche avec une dizaine d’ateliers. Dans le cliché Antoine Bourdelle et ses praticiens dans son atelier daté de 1903, le sculpteur apparaît avec ses praticiens comme un « chef d’orchestre, en donnant à tout ce petit peuple d’artistes des modèles et des coups d’ébauchoir », tel qu’il l’écrit dans une de ses correspondances.
Un témoignage rare
L’intimité familiale est sans doute la plus frappante, tant elle illustre une facette peu connue de l’homme, dont les relations intimes complexes ont pu alimenter la créativité. Stéphanie Van Parys, puis Cléopâtre Sevastos, tour à tour épouses, muses et modèles, sont une inépuisable source d’inspiration. Dans l’Atelier, tirage anonyme de 1907, présente les deux femmes : Stéphanie et Cléopâtre, encore élève du sculpteur, sont accoudées face à une Bacchante. Impossible de ne pas voir dans le jeu des regards et des postures les relations passées et futures. L’amitié entre les deux femmes et les sentiments qu’elles suscitent chez Bourdelle explosent dans Les Deux amies, terre cuite de 1908, où les corps des deux femmes s’enlacent de manière charnelle.
À la fin de sa vie, Bourdelle classe, annote, organise ses archives, se fait biographe de son œuvre. Les photographies, qu’il utilise comme modèle pour ses sculptures font partie intégrante de sa méthode de travail. Quelques clichés familiaux le montre, travaillant inlassablement au dernier grand projet de sa vie : la création de son musée personnel avant son décès en 1929.
Installée dans son atelier musée inauguré 20 ans après sa mort, l’exposition prend alors tout son sens et dialogue intensément avec le lieu et les collections permanentes.
Commissariat : Stéphanie Cantarutti, conservateur du patrimoine
Nombre d’œuvres : env. 100
Jusqu’au 23 février, Musée Bourdelle, 18 rue Antoine-Bourdelle, 75015 Paris, tél. 01 49 54 73 73, www.bourdelle.paris.fr, tlj sauf lundi, 10h-18h. Catalogue, Ed. Alternatives, 176 pages, 32 €.
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Portrait intime de Bourdelle
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Légende Photo :
Anonyme, Antoine Bourdelle et ses praticiens dans son atelier, juillet 1903, tirage au gélatino-bromure d’argent, Musée Bourdelle, Paris. © Photo : Musée Bourdelle/Roger-Viollet.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°406 du 31 janvier 2014, avec le titre suivant : Portrait intime de Bourdelle