PARIS
Le travail photographique de Sigmar Polke reste la part méconnue de l’œuvre, bien que sa peinture s’en soit nourri.
On le découvre au fur et à mesure des expositions organisées sur l’artiste allemand en France. C’est une nouvelle fois le cas avec l’exposition du Bal, née de la redécouverte par son fils, Georg Polke, d’un fonds de milliers de tirages offert par son père, puis oublié, avant d’émerger en partie en 2018 au Museum Morsbroich de Leverkusen après un long travail, toujours en cours, de datation et d’identification... Réalisés entre 1970 et 1986, ces tirages évoquent par bribes l’environnement personnel et artistique du peintre, de Düsseldorf à Cologne. Vie quotidienne, voyages, vernissages, soirées, scènes d’accidents, couvertures de magazines sont surtout les supports de manipulations et d’expérimentations techniques et photochimiques au tirage. La clarté et la netteté ne sont résolument pas de mise. On est aux antipodes de la photographie des Becher et de l’école de Düsseldorf, dans l’univers de l’artiste. Composant de longues séquences linéaires, les images sont articulées entre elles pour former des extraits de vie décousus, hétérogènes, fugaces et résolument subversifs, sans obéir à un ordre établi par l’artiste, y compris la série sur son installation réalisée pour la Biennale de Venise et récompensée d’un Lion d’or en 1986, qui clôture l’exposition. Le mode de présentation choisi adopte néanmoins l’accrochage spécifique que Polke avait conçu pour certaines expositions.
Le Bal, 6, impasse de la Défense, Paris-18e, www.le-bal.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°727 du 1 octobre 2019, avec le titre suivant : Polke photographe