Le Musée Delacroix se penche sur la production florale du peintre tout en conviant deux artistes actuels.
PARIS - Parmi les secrets supposément les mieux gardés de Saint-Germain-des-Prés, le petit jardin du Musée Eugène-Delacroix jouit d’un supplément d’âme. Lorsque le peintre ne le contemplait pas depuis les larges baies vitrées de son atelier, il aimait s’y ressourcer. Noyé sous un gravier gris pendant de longues années, assombri par les nouvelles constructions qui l’entourent, l’oasis de verdure avait perdu un lustre que l’on ne peut qu’imaginer car il n’en reste aucun témoignage. Jardinier en chef du jardin des Tuileries, Pierre Bonnaure a repris l’espace en main, lui assurant une seconde vie pour le printemps prochain – rappelons que l’opération a été intégralement financée par le géant de l’immobilier japonais Kinoshita Holdings, mécène fidèle du Musée du Louvre.
Pour célébrer cette renaissance, Christophe Leribault, alors conservateur au département des Peintures au Musée du Louvre et directeur de l’ancienne demeure du peintre (il a depuis pris la tête du Petit Palais à Paris), a choisi de mettre à l’honneur un pan méconnu du travail de Delacroix. Production marginale, d’abord destinée à un cercle restreint, la composition florale prit une telle importance que Delacroix s’était mis en tête d’en présenter cinq grands exemples au Salon de 1849. Bénéficiant de prêts d’importance, l’exposition comprend de larges toiles attestant des libertés prises par le coloriste, mais aussi des aquarelles préparatoires des plus délicates.
Branchage tourmenté
Le projet a pour originalité de convier deux artistes contemporains, Jean-Michel Othoniel (né en 1964) et Johan Creten (né en 1963), à créer des œuvres originales autour du thème. Inspiré par le branchage tourmenté en arrière-plan de la Corbeille de fleurs renversée dans un parc (Metropolitan Museum of Art, New York), dont un pastel préparatoire est ici présenté, les colliers en verre d’Othoniel s’inscrivent dans la continuité de son projet de vitraux dont a été tiré son Herbier merveilleux (2008). Les fragiles compositions en céramique du sculpteur belge s’accordent, elles, au mieux avec la pensée du maître, hostile à toute tentative d’imitation de la nature : « Plus elle est littérale, cette imitation, plus elle est plate, plus elle montre combien toute rivalité est impossible. On ne peut espérer arriver qu’à des équivalents. »
Jusqu’au 18 mars, Musée Eugène-Delacroix, 6, rue de Furstenberg, 75006 Paris, www.musee-delacroix.fr, tél. 01 44 41 86 50, tlj sauf mardi 9h30-17h.
Catalogue, coéd. Musée du Louvre/Le Passage, 160 p., 28 €.
Voir la fiche de l'exposition : Eugène Delacroix : Des fleurs en hiver
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Pluie de fleurs
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°383 du 18 janvier 2013, avec le titre suivant : Pluie de fleurs