BERNE / SUISSE
« Un malade mental artiste » : c’est sous ce titre que le psychiatre bernois Walter Morgenthaler consacra une première monographie à Adolf Wölfli en 1921.
Un ouvrage pionnier dans l’histoire de l’art brut que la Fondation Adolf Wölfli de Berne a la bonne idée de réimprimer à l’occasion de cette exposition. L’ouvrier agricole natif de l’Emmental, interné à l’asile psychiatrique de la Waldau à Berne, créa près de trente ans durant, entre 1908 et 1930, date de sa mort. Si son œuvre constituée de plus de 25 000 planches en noir et blanc rehaussé de couleur est aujourd’hui bien connue du public, ses 45 cahiers noircis de textes et illustrés de dessins sont rarement exposés, principalement pour des raisons de conservation. La chance est donnée au Centre Paul Klee de Berne de pouvoir les exposer sous vitrine et, grâce à une projection vidéo, de les feuilleter dans leur intégralité. Le visiteur est ainsi plongé dans l’univers imaginaire fait d’écrits, de partitions et de dessins de l’artiste autodidacte qui se rêvait une autobiographie idéalisée – une vie glorieuse faite de voyages à travers le monde, d’observation de la nature et de l’univers, de calculs algébriques et de compositions musicales. Les 45 cahiers reliés ont été conçus par leur auteur comme des ouvrages prêts à être imprimés, une œuvre tentaculaire que Wölfli, conscient de son statut d’artiste, nomma la Géante-Création de saint Adolphe . Feuilles volantes et créations de commande qui contribuèrent à faire connaître l’artiste hors des murs de l’asile auprès d’amateurs tel Jean Dubuffet complètent la présentation.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : Plongée dans l’univers d’Adolf Wölfli