Plongée au cœur des mécanismes de Tropa

Le Songe de Scipion donne à voir une vision antique du cosmos, celle relatée dans le livre VI de De Republica de Cicéron. Cette œuvre introductive donne le ton de l’exposition tout en offrant un condensé des grandes caractéristiques du travail de l’artiste inclassable, qui déploie une réflexion conceptuelle sur les grands principes de la vie, du cosmos et des corps tout en accordant une importance particulière à la forme et au mouvement. Puisant dans de nombreuses références (littéraires, philosophiques, artistiques, mais aussi scientifiques), il crée des dispositifs hybrides aux multiples strates d’interprétation. « Le poumon et le cœur » rassemble des installations récentes agencées de telle manière à proposer une « sorte de promenade sensorielle », selon les termes de l’artiste, qui a souhaité que « l’observateur sente qu’il déambule à l’intérieur d’un mécanisme ». Le pari est tenu avec l’œuvre centrale, qui donne son nom à l’exposition : c’est à partir de la découverte fortuite d’un livre de médecine intitulé Le Poumon et le Cœur que Tropa a pensé cette vaste installation, qui déploie une fascinante réflexion sur les mécaniques, et mécanismes, du corps humain. L’espace, plongé dans la pénombre, accueille des modules composés chacun des mêmes éléments : une palissade, un appât factice suspendu au plafond, des casques fichés sur des barres de bois verticales, animées par un léger mouvement, et un réverbère qui sert également de support de deux affiches médicales. Si l’œuvre de celui qui a représenté le Portugal à la Biennale de Venise en 2011 aurait pu faire l’objet d’une exposition plus ambitieuse, « Le poumon et le cœur », pensée comme une « monographie resserrée », permet d’en appréhender la puissance et la richesse – théorique, esthétique, conceptuelle.