La Cité de l’automobile à Mulhouse, « plus grand musée automobile du monde », s’est transformée en un carrefour giratoire où l’histoire de la voiture et l’art actuel se cèdent tour à tour la priorité...
Le sous-titre de « Pleins phares » fait bien un peu râler : art contemporain et automobile, angle velléitaire qui viendrait s’engouffrer dans la longue liste des expositions de groupe à dialogues opportunistes. Le programme tricoté par la commissaire Fabienne Fulchéri se déroule prudemment mais brasse large. Large dans le temps – Tinguely, Arman, Ant Farm, jusqu’aux cadets Karine Bonneval, Pierre Giner ou Bruno Rousseaud –, large dans les procédures – vidéo, sculpture, installation, photo, peinture, tout y est –, large enfin par les terrains de jeux qu’investissent les artistes. Quelque chose comme : voilà ce que peuvent faire les artistes contemporains avec une voiture.
Syndrome de stationnement
Ça n’est pourtant ni dans sa formulation flottante ni dans ses omissions – quid de Lavier, Wurm, Warhol, Stämpfli, McCracken... ? – que le parcours manque le plus son affaire. « Pleins phares » lâche d’abord prise dans son contexte, celui de la Cité de l’automobile dont les options scénographiques laissent bien peu de chances à l’exercice. L’institution des frères Schlumpf aligne avec une constance qui l’honore des kilomètres de voitures de collection, d’intérêts variables, et les condamne à un vertigineux ordonnancement de parking. Une accumulation musclée qui frise le degré zéro de la collection. L’exposition manifestement chargée de mettre ledit parking en valeur s’en trouve comme frappée du même syndrome de stationnement. En témoigne l’installation d’Ange Leccia, baiser échangé entre deux voitures flambant neuves et « garées » le long d’un mur sombre. Un baiser réduit à un dispositif de concessionnaire.
Articulée autour du parcours principal, une série d’œuvres rassemblées par îlots dans le gigantesque hangar transforment le visiteur en pèlerin d’Ikéa, contraint de s’avaler kilomètres de canapés et luminaires avant de trouver son étagère Billy. L’institution mulhousienne affichant sept kilomètres au compteur, le jeu de piste est ardu. À une telle contrainte, les artistes auraient pu répondre en jouant littéralement avec la collection, mais la marge de manœuvre laissée à la commissaire semble avoir été bien mince. Reste que l’exposition est appelée à voyager. À voir en terrain neutre ?
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Pleins phares ou l’art de la concession
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°597 du 1 décembre 2007, avec le titre suivant : Pleins phares ou l’art de la concession