Les expositions d’art ancien offrent d’édifiantes leçons d’humilité. Elles nous rappellent que l’on peut être une vedette un jour, passé de mode le lendemain, être dénigré quelques décennies plus tard, avant de sombrer in fine dans l’anonymat.
Telle est, entre autres, la destinée de Coypel. Ou, devrait-on, dire des Coypel, puisque cette dynastie compta quatre peintres influents sous l’Ancien Régime, aujourd’hui oubliés. Ici, il est question du fils, Antoine. Peintre officiel du duc d’Orléans, puis du Régent, il a dirigé l’Académie et même été premier peintre du roi. L’artiste a participé à quelques-uns des chantiers les plus en vue de son époque : Versailles, Trianon, Meudon et, bien sûr, le Palais-Royal, son chef-d’œuvre. Un chef-d’œuvre hélas disparu ; ce qui explique en partie sa mauvaise fortune. Une perte qui n’explique toutefois que partiellement ce désamour, dont les racines sont à chercher dans le style même de Coypel. Rapidement jugé ampoulé et théâtral, il est en réalité caractéristique d’une période de transition entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Sa manière oscille ainsi entre la grandiloquence « louisquatorzienne » et la tentation galante des Lumières. Inclassable, sa manière nous est d’autant plus difficile à apprécier à sa juste valeur que les tableaux nous sont parvenus dans leur majorité privés de leur décor originel. Or, ces créations déclamatoires étaient au cœur d’œuvres d’art totales mêlant peinture, sculpture, stucs dorés et mobilier luxueux. Enfin, cette peinture raffinée est truffée de références classiques, notamment homériques. Jadis incontournables, elles ne font plus partie de notre socle de connaissances, ce qui limite le plaisir intellectuel à décrypter ces compositions. Plutôt que de proposer une rétrospective, et afin de réacclimater le regard contemporain, l’exposition privilégie donc une approche très anglée sur les sources littéraires et plastiques de Coypel. Convoquant de belles gravures de la BNF, elle tente de redonner vie à ces grands décors et de rendre justice à leur auteur.
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Plaidoyer pour Coypel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : Plaidoyer pour Coypel