Apparue au début des années 80, la peinture de Bernard Piffaretti choisissait de prendre la situation exactement à rebours de ce qu’elle était. En réponse au retour à une figuration qui se proclamait libre, expressionniste ou savante, il répliquait d’une façon appuyée par une peinture résolument abstraite.
La démarche de Piffaretti fait partie de ces aventures de création que l’on pourrait apparenter à un concept quasi cartésien : « Peinture, discours et méthode ». À l’instar de procédures comme celles de Toroni, Viallat ou Rutault, elle s’est en effet déterminée à l’aune d’un principe de travail rigoureux et radical dont elle ne déroge pas. Le mot clé de Piffaretti est celui de duplication, alors que ses aînés sont tournés vers l’empreinte ou la définition-méthode. Le champ de la toile étant partagé en deux par une ligne verticale, l’artiste installe d’un côté le motif, de l’autre sa réplique, réglant ainsi une fois pour toutes la question toujours épineuse du quoi peindre et se donnant par ailleurs les raisons d’une motivation. Si la manière de procéder est invariable, la liberté de faire est totale. Multipliant les figures géométriques, les lignes droites et serpentines, les aplats colorés, les grilles ou les hachures, le peintre n’a de cesse de passer de la dissemblance à la ressemblance, du simple au double et du double à son reflet redressé. Parce que l’histoire de la peinture y est ainsi jouée et déjouée, la démarche de Piffaretti inaugure une sorte de va-et-vient, de Come and Go pictural qui fait étonnamment écho à celui, littéraire, de Samuel Beckett. L’aléatoire, le décalage, l’écart sont les données plastiques avec lesquelles l’artiste compose, seulement coupable d’offrir à la peinture de nouveaux espaces de liberté.
PARIS, Fondation Cartier, jusqu’au 28 janvier.
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Piffaretti, du motif à la motivation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Piffaretti, du motif à la motivation