Piet Mondrian et ses valeurs absolues

Diverses, complémentaires, certaines jamais montrées, d’autres devenues fragiles et restaurées pour l’occasion, toutes témoignent des recherches d’un Mondrian soucieux d’effacer peu à peu la réalité extérieure au profit d’équilibres rigoureux et épurés basés sur des lignes droites et des couleurs primaires. « Dénaturaliser, c’est abstraire, dénaturaliser, c’est approfondir », écrivait-il en 1926. Procédant par ruptures et inventions, chacun de ses tableaux a la concision d’un théorème. Mondrian décompose et fragmente les formes pour aboutir à une plastique parfaite, dynamique dans son espace, logique dans ses rythmes. Jalons dans son existence, les quatre villes qui ponctuent la visite marquent aussi les étapes clés de son œuvre. Accroché au terme du parcours, diamant de carrés et de rectangles rouges, bleus et jaunes, daté de 1944, année de sa mort, Victory Boogie-Woogie signe l’apogée de sa quête d’un idéal aussi éthique que spirituel. Le néoplasticisme devait transformer jusqu’à la société elle-même, puisque selon lui « seul l’aspect pur des éléments peut atténuer le tragique dans la vie ». Mondrian, pourtant, n’a cessé de douter.