Pierre Matisse, un pont vers New York

En lui consacrant une exposition, le Musée Matisse de Nice retrace la carrière exceptionnelle du fils d’Henri Matisse à travers 70 œuvres de 23 artistes essentiels de la galerie. « Pierre Matisse : les meilleures peintures et sculptures modernes» vantait l’annonce publicitaire parue à l’ouverture de la galerie en 1931, au plus fort de la Grande Dépression. À New York, l’art contemporain en était à ses balbutiements et le MoMA avait été inauguré en 1929. Pierre Matisse se fit donc une réputation en exposant les œuvres d’artistes européens reconnus, tels Gromaire, Derain, Dufy, De Chirico, Rouault et son illustre père, déjà bien représenté dans les collections américaines. Puis il fait le choix d’introduire outre-Atlantique des personnalités fortes : Miró, l’artiste qu’il a le plus assidûment soutenu, et Balthus, qu’il expose respectivement en 1932 et 1938. Il fut ainsi le premier marchand à exposer ces artistes aux États-Unis. Avec l’entrée en guerre de l’Europe, une nouvelle ère s’ouvre pour la galerie. En 1942, l’exposition « Artistes en exil » réunit autour de Breton l’avant-garde – majoritairement surréaliste : Masson, Ernst, Mondrian, Léger, Ozenfant, Tanguy, Zadkine, Chagall. En 1945, l’exposition « Constellations » de Miró est considérée comme l’apogée de son travail. Dans le même temps, Pierre Matisse devient le marchand exclusif de Dubuffet et Giacometti outre-Atlantique. Dans les années 1960-1970, le marchand occupe une place majeure dans le marché de l’art moderne européen. Il continue à représenter ses artistes phares, tandis que de nouveaux venus sont exposés, tels Millares, Rivera et Saura. Il accueille également quelques créateurs français, tels Hantaï, Viallat ou Zao Wou-Ki.