TOULOUSE
Quoique l’histoire lui reconnaisse volontiers d’avoir contribué à faire du paysage historique un genre à part, l’œuvre de Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819) reste encore très méconnue. Elle est pourtant riche de toutes sortes de qualités et d’innovations plastiques qui l’ont imposée en modèle dès la fin du XVIIIe siècle tel qu’en témoigne la dette que lui ont reconnue au fil du temps des artistes comme Corot ou André Lhote.
Si l’on a oublié aujourd’hui l’impact qu’ont exercé ses Éléments de perspective pratique à l’usage des artistes, suivis de réflexions et conseils à un élève sur la peinture et particulièrement sur le genre du paysage, publiés en 1800, il convient de rappeler le rôle de théoricien que Valenciennes a joué en son temps. Dans la foulée d’un Winckelmann et d’un Quatremère de Quincy, l’artiste adhère à l’idée qu’il n’y a de nature que « parée des richesses de l’imagination » et développe un art dont les études, bien plus que les tableaux, sont le lieu d’expérimentations totalement inédites. De fait, Pierre-Henri de Valenciennes est l’un des tout premiers – voire le premier – à se rendre sur le motif et y réaliser non des aquarelles ou des sanguines mais de petites esquisses peintes à l’huile, saisies à la volée, dans une relation directe avec la nature tout à la fois sensible et intelligible. Du même coup Valenciennes est l’un des promoteurs d’un art du déplacement qui fait de son œuvre comme un carnet de voyage : Étude d’arbres au bois de Boulogne (1773), Clair de lune à Amboise (1775), Bord de mer à Marseille (1777), Vue de Rome depuis le Colisée (1777-1780), Nemi, l’arc-en-ciel (1882-1784), etc.
L’Île-de-France, la Touraine, mais surtout l’Italie, sont les terrains privilégiés de cet artiste voyageur qui allie un rare sens de l’observation à une science des volumes et un traitement de la lumière préfigurant les aventures d’un art du paysage tel qu’il s’est développé au cours du XIXe siècle. Près de cinquante ans après la première exposition monographique que le musée Paul Dupuy lui avait consacrée en 1956, l’occasion est donnée de le retrouver au sein d’un parcours de quelque cent trente pièces, dont plus de la moitié sont issues des collections du Louvre où elles ne sont pas toujours visibles. C’est aussi l’occasion de le replacer à la juste place qu’il mérite.
« Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819) : “La nature l’avait créé peintre”? », TOULOUSE (31), musée Paul Dupuy, 13 rue de la Pleau (rue Ozenne), tél. 05 61 14 65 50, 19 mars-30 juin.
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Pierre-Henri de Valenciennes, l’éclaireur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°548 du 1 juin 2003, avec le titre suivant : Pierre-Henri de Valenciennes, l’éclaireur