Pierre de Fenol révélé

Mais qui connaît réellement l’amplitude et la richesse de son œuvre, et le rôle important qu’il joua pour faire reconnaître et diffuser la photographie en France ? La rétrospective organisée par le Jeu de paume, et curatée par Virginie Chardin, vient réparer la négligence. Bien que montré régulièrement à Lyon ou à Paris Photo par la Galerie Le Réverbère, l’œuvre déploie ici son évolution depuis le premier voyage réalisé en Inde en 1969 sous l’influence de Cartier-Bresson, dont Pierre de Fenoÿl fut l’archiviste après avoir été en stage à l’agence Dalmas et vendeur de photo chez Holmès-Lebel. C’est de fait un portrait en creux de l’homme et du photographe qui se forme de salle en salle. Le voyage aux États-Unis, réalisé en 1972 avec un contrat d’iconographe pour le magazine Photo, révèle ses photographies inédites sur fond de rencontres avec André Kertész et Duane Michals, le retour à Paris marquant le début d’une période d’activité particulièrement prolixe. Parallèlement à ses cheminements solitaires dans la capitale tôt le matin et le travail du tirage avec Yvon Le Marlec, Pierre de Fenoÿl cofonde en effet l’agence Vu (devenue Viva) et crée en 1970 la Galerie Rencontre avant d’être appelé par Michel Guy pour préparer les expositions inaugurales du Centre Pompidou et organiser le service photographique. Le regard intériorisé de ses images noir et blanc que l’on ressent dans ses images de Paris, en Égypte ou dans le Tarn trouble les temporalités confondues dans une éternité sereine que rien ne semble pouvoir venir altérer.