Le musée Picasso célèbre son anniversaire avec une exposition sans thématique affirmée des dessins du maître. Ici aussi Picasso témoigne de son génie de la forme.
Le musée Picasso a vingt ans. Pour célébrer cet anniversaire, on était en droit de s’attendre à une exposition plus ambitieuse. « La Passion du dessin » – titre qui pourrait s’appliquer à la majorité des artistes – pèche par une absence de propos et un côté « fourre-tout », même si avec Picasso, ce type d’accrochage prend inévitablement des allures de réunion de chefs-d’œuvre. On aurait par exemple souhaité savoir ce qui a guidé le choix du commissaire Dominique Dupuis-Labbé dans l’immensité de la production graphique du maître, riche de plusieurs milliers de feuilles.
Sagement chronologique, avec un découpage par période (bleue, cubiste, surréaliste…) et pour seuls commentaires une citation dans chaque salle, l’exposition dévoile donc un vaste panorama d’œuvres provenant en majorité des collections du musée parisien, mais aussi du musée Picasso de Barcelone – où l’exposition sera ensuite présentée –, de celui d’Antibes, des musées des Beaux-Arts de Grenoble et de Rennes.
Au gré d’un parcours de plus de trois cent cinquante pièces – dessins, aquarelles, gouaches, pastels, papiers collés… – le visiteur retrouvera des œuvres familières comme le Portrait d’Olga (1921) ou le Portrait d’adolescent en Pierrot (1922), des baigneuses, des dessins autour du thème du peintre et de son modèle, des natures mortes cubistes ou encore un ensemble de projets de décors et de costumes pour le ballet Pulcinella (1920), mais aussi d’autres moins connues. Parmi celles-ci, de très beaux portraits, Lola, sœur de l’artiste (1899), un Portrait d’Igor Stravinsky (1920) très graphique à la ligne précise et sûre, certaines feuilles du carnet d’études pour Mercure (1924) dévoilant de subtils corps ondoyants, harmonieux et légers.
La figure humaine traverse toute l’œuvre de Picasso, quelle que soit la période, quel que soit le style. Elle constitue par conséquent le fil conducteur de l’exposition. La plupart des modèles de Picasso sont les femmes qu’il a aimées ou ses amis. L’artiste les représente tour à tour heureux, pathétiques, tragiques, érotiques, caricaturés, académiques, métamorphosés par les délires surréalistes ou déformés par les lois du cubisme. Plus que tout autre sujet, l’être humain lui offre la matière première de ses expérimentations, même si les animaux et les choses lui inspirent également d’admirables créations. Dès son plus jeune âge, Picasso ne cesse de dessiner. Ce savoir-faire inné va lui permettre de donner libre cours à son imagination débordante. Partant d’un classicisme qu’il maîtrise parfaitement, l’artiste va ensuite s’ouvrir à toutes les audaces formelles. Plus que le processus créatif de l’artiste, les dessins de Picasso en montrent les ruptures, les recherches constantes et la façon de briser, systématiquement, ce qui semble abouti ou établi.
« Picasso. La passion du dessin », PARIS, musée Picasso, hôtel Salé, 5 rue de Thorigny, IIIe, tél. 01 42 71 25 21, www.musee-picasso.fr, jusqu’au 9 janvier, cat. RMN, 304 p., 270 ill., 39 euros ; CD-rom RMN, Les Carnets de Picasso, fac-similés numériques, 19,95 euros. L’exposition sera ensuite présentée au museu Picasso de Barcelone du 8 février au 8 mai 2006.
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Picasso, une vie en dessin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°574 du 1 novembre 2005, avec le titre suivant : Picasso, une vie en dessin