Philippe Favier à la Villa Tamaris.À en juger par les mandibules, vertèbres, clavicules, humérus et fémurs de l’armée de squelettes qui hante les murs du centre d’art de la Seyne-sur-Mer, près de Toulon, l’affiche ne manque pas de calcium.
Les squelettes font-ils pour autant une exposition lugubre ? Pas davantage que ceux de Posada et d’Ensor réunis. Un accrochage mortel ? Peut-être – il faut bien mourir un jour –, mais alors d’autre chose que d’ennui. Car sans aller jusqu’à en mourir de rire, les cadavres esquissés de Favier se déhanchent, chaloupent, se dandinent et s’entortillent. Ça chahute à la Villa. Au pays de Favier, comme dans toutes les contrées, on s’amuse, on pleure, on rit…, c’est finalement un peu d’une comédie inhumaine qui se joue ici. Alors, une exposition grotesque ? Assurément, au moins autant que ces fresques « abracadavrantesques » qui décoraient les murs d’une autre villa, romaine celle-ci, la Domus Aurea de Néron.
Pour sa nouvelle rétrospective, la première depuis (trop) longtemps, l’artiste, né en 1957 de parents merciers, a convié à la fête une partie de son bestiaire. Pardon !, de son ossuaire. Près de trois cents pièces sont ainsi présentées au public, sur les près de six mille qu’il a réalisées – quelqu’un les a comptées – en trente ans de carrière. Mais enfin, direz-vous, parle-t-on d’art ou de chiffres ? Les deux mon Capitaine Coucou, titre de l’une des séries phares de l’artiste. Pour un serial artist comme ce Stéphanois pur sang, élevé au catalogue Manufrance et les pieds bien ancrés dans la numérologie, le nombre ça compte ! Aussi certainement que le corps humain est composé de deux cent six os. Des os longs et des os courts, tous plus désopilants les uns que les autres.
Les « corps vidés », déshabillés de leur chair, constituent la thématique de cette exposition malicieusement intitulée « Les à-côtés de l’au-delà », reprise du titre de l’une des œuvres de 2008 de Favier : un livre au format exceptionnel (4,27 x 0,27 m), album d’os en tout genre, prouesse autant technique que graphique. Assurément une synthèse de l’œuvre entreprise par l’artiste au début des années 1980, et une nouvelle invitation, après celle formulée par Rabelais, à « rompre l’os et sucer la substantifique moelle ».
« Les à-côtés de l’au-delà », Villa Tamaris centre d’art, avenue de la Grande Maison, la Seyne-sur-Mer (83), www.villatamaris.fr, jusqu’au 28 juin 2009.
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Philippe Favier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°613 du 1 mai 2009, avec le titre suivant : Philippe Favier