Bande dessinée - Livre

Paris-1er

Petit Prince est revenu !

Musée des arts décoratifs (Mad)- Jusqu’au 26 juin 2022

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 28 mars 2022 - 535 mots

PARIS

Coup de cœur À Paris, le Mad propose une plongée dans l’œuvre littéraire et les dessins de l’écrivain aviateur Antoine de Saint-Exupéry.

« Ne me laissez pas tellement triste : écrivez-moi vite qu’il est revenu… » Ces paroles sont les dernières du Petit Prince. L’enfant aux cheveux couleur des blés a quitté la Terre pour rejoindre sa rose bien aimée. Est-il mort ? Le reverrons-nous un jour ? La supplique de l’aviateur se mêle à la nôtre chaque fois que nous refermons ce livre traduit en près de cinq cents langues et dialectes, écrit par Saint-Exupéry à New York, avant sa mort accidentelle en avion en 1944. Mais voici l’heure d’essuyer nos larmes : le Petit Prince est de retour ! À Paris, au Musée des arts décoratifs, il se balade sur les pages du manuscrit d’Antoine de Saint-Exupéry, qui a pour la première fois traversé l’Atlantique, depuis la Morgan Library & Museum de New York où il est précieusement conservé. Autour de ces pages qui racontent la naissance du Petit Prince, c’est tout l’univers de Saint-Exupéry qui se déploie, à travers près de 650 pièces. C’est ainsi que l’on peut non seulement s’émouvoir du texte et des dessins du manuscrit, avec ses ratures ou ses traces de café, mais aussi trembler devant les illustrations d’un boa avalant un fauve pour l’histoire naturelle populaire de l’entomologiste du XIXe siècle Charles Brongniart dont s’inspira probablement Saint-Exupéry pour le dessin inaugural du Petit Prince, ou suivre le petit garçon aux cheveux en bataille sur des aquarelles originales, parfois inédites, volant entraîné par des oies sauvages, cheminant dans un bois, contemplant une étoile sur une falaise. Ici, on peut surprendre le pilote endormi dans le désert, là, on fait la rencontre d’un chasseur de papillons qu’on ne connaissait pas, car il n’apparaît pas dans la version finale du conte. Ainsi, comme dans un voyage de planète en planète, au cours duquel on prend la mesure de l’importance du dessin dans la vie et l’œuvre de l’écrivain aviateur, le parcours propose une plongée dans sa création. D’ailleurs, dès 1921, à Casablanca, le jeune homme de 21 ans documente son service militaire par des dessins pris sur le vif, comme en témoigne dans l’exposition le recueil de dessins où l’on voit le visage endormi d’un camarade à la mine de charbon et à l’encre, rêvant « à sa prochaine chute ». « J’ai découvert ce pour quoi j’étais fait : le crayon Conté mine de charbon. J’ai acheté des carnets de croquis où j’exprime comme je le peux les faits et les gestes de la journée, le sourire de mes camarades ou l’indiscrétion du chien Black qui fait le beau pour voir ce que je puis bien crayonner », écrit-il alors à sa mère, habile aquarelliste. Si les dessins parcourent ses lettres et ses écrits, il faudra pourtant attendre son dernier livre, Le Petit Prince, qu’il considère comme son testament, pour que ceux-ci prennent leur place dans une œuvre. « Ces dessins, c’est des souvenirs », écrit-il humblement dans une variante non retenue du manuscrit. Les souvenirs d’une enfance de couchers de soleil, peuplée de planètes aux habitants merveilleux, où l’on apprivoise un renard et où l’on peut mourir pour une rose, et qui sont désormais les nôtres.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Petit Prince est revenu !

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