Octobre 2010, le Niçois Benjamin Vautier est invité à Moscou pour y faire ses salades, casser deux pianos et inaugurer une exposition « Fluxus ».
Une de plus. Bien que celle-ci revête une saveur particulière, puisqu’elle ouvre la programmation d’un nouveau musée attendu comme l’arlésienne dans la capitale russe après cinq ans d’une interminable construction : le Multimedia Art Museum de Moscou. Pourquoi Fluxus ? Mais « parce que Fluxus questionne l’art. Où sont situées ses frontières ? Et comment peut-il les dépasser ? Autant de questions que se posaient les avant-gardes russes au début du xxe siècle », assure Olga Sviblova, l’énergique directrice du MAMM. Aussi parce que les Russes ne connaissent pas (encore) Fluxus et ses trublions. « Peut-être les pianos étaient-ils de trop dans un pays où l’on a beaucoup cassé », admet Olga Sviblova qui ajoute, dans un esprit presque Fluxus : « Ben est un grand philosophe. Pour un enfant, mieux vaut avoir sur sa trousse des citations de lui que celles de Lénine ou de Staline dans ses livres scolaires. » Indiscutablement.
Avec cette première exposition, le MAMM entendait faire savoir deux choses : premièrement, qu’il va désormais falloir compter avec lui pour initier les Moscovites à l’art contemporain et, deuxièmement, qu’il va s’attacher à bousculer les frontières traditionnelles de l’art. Ainsi promet-il en 2011 de faire se succéder, sinon se confronter, un choix de vidéos issues du fonds de Beaubourg (« Les Nuits électriques ») avec la radicalité du groupe Zéro (fin 2011), l’art Internet de Julia Milner avec les enseignes « relationnelles » de Jenny Holzer, ou encore l’univers cinématographique de Fellini avec les images prises au téléphone mobile par le commissaire-priseur Simon de Pury. Les artistes du cru sont aussi conviés à la fête puisque le sulfureux Oleg Kulik a promis à la directrice du lieu de préparer une exposition pour le... 11 septembre 2011. Tout un programme.
Le MAMM ayant récupéré la collection de la Maison de la photographie de Moscou dont il est l’émanation, l’image fixe tient bien entendu une place de choix dans l’accrochage. Ainsi vient de se terminer une importante rétrospective de Georgi Petrusov (1903-1971), un photographe peu connu du public occidental qui a pourtant été l’égal et l’ami de Rodtchenko qu’il a portraituré. Cette rétrospective, dont on souhaite qu’elle vienne un jour en France, a précédé deux expositions sur les années Gorbatchev et Eltsine ainsi qu’un accrochage, en préparation, de photographies paparazzi.
Et le bâtiment dans tout cela ? Construit autour d’un bel atrium blanc de 21 mètres de haut qui dessert la dizaine de salles blanches façon White Cube, il ne procède pas d’un geste architectural, mais ne pâlit pas de la comparaison avec ses équivalents étrangers. Pour un peu, on oublierait presque que l’on est à Moscou.
« Multimedia Art Museum Moscow », 16, rue Ostozhenka, Moscou (Russie), mamm-mdf.ru/en
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Perestroïk’art au MAMM
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°634 du 1 avril 2011, avec le titre suivant : Perestroïk’art au MAMM