A priori peu de zones de correspondances entre Saint-Tropez, célèbre station balnéaire du sud, et Dunkerque, ville portuaire du nord, si ce n’est la mer…
C’est précisément la mer qui a permis à la nouvelle conservatrice Séverine Berger et son homologue Sophie Warlop d’échafauder un scénario inédit consistant à réunir les œuvres du Musée de l’Annonciade et la collection du Musée de Dunkerque fermé pour cause de déménagement… Le thème choisi était une évidence, d’autant qu’il est à la fois universel et de saison : « Eaux plurielles » balaie une période allant du XVIIe au XXIe et décline, comme son titre l’indique, le thème de l’eau sous toutes ses formes.
Tour à tour doux et salé, jaillissant et stagnant, tranquille et déchaîné, transparent et sombre, cet élément aux multiples facettes a été une source d’inspiration inépuisable pour les artistes. Dans la peinture de paysage où l’eau est évoquée, les marines, les vues de ports avec leurs activités forment un type particulièrement représenté depuis le siècle d’Hubert Robert, en passant par Othon Friesz jusqu’à Olivier Debré. Le terme recouvre également les diverses activités des joies balnéaires, traitées ici à travers les regards de Boudin, Cross ou Survage. Transparences, reflets en miroir, jeux de lumières, nuances avec le ciel, les différentes propriétés de l’eau permettent de superbes effets esthétiques et chromatiques (Derain, Signac, le Sidaner). Le parcours se termine par une invitation aux voyages lointains autour d’objets insolites venus de divers continents et par une inclusion de robinets d’Arman en lien avec le parcours urbain de sculptures de l’artiste.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Partage des eaux