Paris sous la régence, une renaissance sous la régence

Si tout le monde connaît le Roi-Soleil et Louis XV, qui sait placer sur une frise chronologique le Régent, Philippe d’Orléans ? C’est bien dommage, car ce « septennat » (1715-1821) entre la disparition de Louis XIV et l’accès au trône de son arrière-petit-fils, trop jeune pour régner, fut décisif pour la France. Cette brève période, qui aux yeux de Michelet « valait un siècle », se raconte enfin dans une formidable exposition organisée non pas à Versailles, mais bien à Paris, au musée Carnavalet. Un choix tout à fait logique, puisque ce chapitre marque le retour de la Cour dans la capitale, où éclot une myriade de nouveautés artistiques et sociétales. Ces quelques années ont, en effet, changé la face du Royaume, et en grande partie dessiné le visage actuel de la Ville Lumière. La Régence représente alors une incroyable bouffée d’oxygène après une longue et sinistre fin de règne, marquée par la maladie, la bigoterie, les guerres et les crises financières. Le pays aspire à davantage de liberté, de confort, de légèreté – en un mot, de joie de vivre. Paris est alors le théâtre d’un exceptionnel bouillonnement intellectuel et artistique. Les bibliothèques accueillent leurs premiers lecteurs, et les lieux de plaisir et de sociabilité se multiplient à vitesse grand V. Cette aspiration à davantage de fantaisie se matérialise par l’esthétique de rupture du style rocaille, le triomphe des « petits genres », les amourettes de Marivaux et, bien sûr, la fête galante de Watteau. Sans oublier le mobilier, qui vit alors son âge d’or, posant les jalons du luxe et de l’art de vivre à la française. À la manière d’une machine à remonter le temps, l’exposition nous fait ressentir cette extravagante soif de vivre et de créer. Une franche réussite qui conjugue subtilement pédagogie et incarnation.