Martina Klein et Lawrence Weiner collaborent ensemble pour une exposition intitulée "Avant-dernières pensées", ce qui laisse au moins présager une suite dans un futur plus ou moins proche. La galerie Arnaud Lefebvre (30, rue Mazarine, 43 26 50 67) accueille ce partenariat inédit jusqu’au 28 février. Lawrence Weiner est incontestablement LA figure de proue de l’art dit conceptuel, au sein duquel il a œuvré avec rigueur et humour. Gérard Collin-Thiébaut, que nos lecteurs connaissent bien maintenant, lui rend une sorte d’hommage quelque peu ambigu.
Trois immenses rébus, peints directement sur le mur, "traduiront" certains des textes de base de l’artiste américain, avec des images désuettes qui évoquent une longue "semaine de bonté". On découvrira également à la galerie Durand Dessert (28, rue de Lappe, 48 06 92 23) les traces d’une scrupuleuse copie des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, adressée à une madone du petit écran. Jusqu’au 2 mars, on trouvera aussi ses Transcriptions, qui sont de simples puzzles, encadrés et exposés comme des peintures traditionnelles.
L’ironie est un trait caractéristique d’un large pan de l’art contemporain. Mais on en trouve de toutes espèces : ainsi, George Condo a-t-il préféré le pastiche déconstructeur en utilisant des moyens traditionnels. La galerie Daniel Templon (30, rue Beaubourg, 42 77 45 36) présente jusqu’au 21 février ses derniers exercices. D’une autre espèce encore, les travaux de Serge Kliaving, Nathalie Elemento, Stephen Ellis, qui ont un rapport encore plus inquiet à l’envahissante puissance des images. Dans ses photo-montages, Kliaving se fait le procureur sceptique et sarcastique du monde contemporain. On en verra des exemples à la galerie Nathalie Obadia (5, rue du Grenier-Saint-Lazare, 42 74 67 68) jusqu’au 28 février.
Aux antipodes, impitoyable dans ses descriptions de l’architecture, Günther Forg est l’un des artistes allemands les plus solides – dans tous les sens du terme – qui soient apparus voici un peu plus de dix ans. Œuvrant simultanément dans divers médias (photographie, peinture, sculpture), Forg présente à la galerie Samia Saouma (16, rue des Coutures-Saint-Gervais, 42 78 40 44), du 3 février au 30 mars, des œuvres de la série "Stations of the Cross". Il s’agit de bronzes, où l’on reconnaît coulées, traces de doigts et empreintes, que l’on serait imprudent de qualifier de tableaux, de reliefs ou de stèles. Mark Luyten, à peine plus jeune que Forg (il est né en 1955 et vit à Anvers), poursuit lui aussi une quête méditative sur la nature et le sens même de l’art, en particulier à travers les métaphores de la feuille et du lac.
Sa nouvelle exposition à la galerie Laage-Salomon (57, rue du Temple, 42 78 11 71), ouverte jusqu’au 20 février, s’intitule "S’il y a quelque chose que…", invitation discrète et suggestive. Tony Cragg, dont le Centre Georges Pompidou présente une rétrospective (lire page 13), montrera aussi des dessins récents à la galerie Karsten Greve (5, rue Debelleyme, 42 77 19 37) jusqu’au 30 mars. Si le dessin est pour lui une pratique à part entière, il s’agit toujours, écrit-il avec humour, de contraindre "le stupide matériau lui-même à penser".
À l’enseigne de "Chez l’un chez l’autre", on redécouvrira jusqu’au 18 février de jeunes artistes français ou vivant en France (Béquillard, Blacker, Lallemand, Mounicot, Vappereau entre autres) à la galerie Isabelle Suret, qui a récemment changé d’adresse (17, rue du Cherche-Midi, 42 22 99 55). Voilà quelques années que Xiao Fan n’avait exposé à Paris. Né à Nankin, en Chine, Fan peint toutes sortes de ballons qui sont aussi des globes terrestres, que poussent de curieux anges.
La galerie Colombani-Robin (58, rue Quincampoix, 42 74 16 47) présente cet étrange artiste jusqu’au 2 mars. Deux photographes pour achever ce tour : Philip Heying, qui propose des images sur le thème, détourné, de la nature et que l’on verra à la galerie Agathe Gaillard (3, rue du Pont-Louis-Philippe, 42 77 38 24) jusqu’au 24 février, ainsi que Lynne Cohen et ses savantes mises en scène sur le thème, explicite, du "plus vrai que nature". À la galerie des Archives (4, impasse Beaubourg, 42 78 05 77), jusqu’au 17 février, on aura l’occasion de reconnaître sa vérité, parfois exagérément aseptisée.
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Paris : d’un rébus à l’autre, un hommage ambigu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°22 du 1 février 1996, avec le titre suivant : Paris : d’un rébus à l’autre, un hommage ambigu