Organiser le chaos

Son travail a apporté un renouveau dans la peinture. Née en 1970 en Éthiopie et installée aux États-Unis, Julie Mehretu a bénéficié d’expositions dans de grands musées américains comme le Museum of Modern Art ou le Whitney Museum à New York. Invitée par la Pinault Collection où elle est l’une des artistes les mieux représentés, la peintre investit l’intégralité du Palazzo Grassi avec une cinquantaine de tableaux et de dessins réalisés ces vingt-cinq dernières années, dont un ensemble récent. Ne pouvant se résoudre à un solo vénitien, elle a convié des artistes amis (Huma Bhabha, Tacita Dean, David Hammons…) d’où son titre, « Ensemble ». Si le parcours s’étire quelque peu en longueur, l’accrochage du premier niveau est très réussi ; certains tableaux happent le regard à la façon de vortex visuels. Julie Mehretu construit ses œuvres où se superposent plusieurs niveaux d’informations, en projetant des photographies, souvent issues de l’actualité, sur des toiles préparées, en traçant et en effaçant des éléments (notamment d’architecture), puis en ajoutant des couches, chacune étant séparée par de fines pellicules d’acrylique. Ainsi qu’elle l’explique dans le documentaire projeté dans l’exposition, elle choisit ces images sources pour leur intérêt conceptuel, politique ou esthétique. Sa maîtrise des outils de conception graphique, comme celle des technologies de jeux vidéo, contribue à créer dans ses peintures cette impression d’immersion mimant celle à laquelle les écrans nous ont habitués.