On avoue s’être rendu à l’Abbaye de Maubuisson avec l’appréhension des grandes retrouvailles [exposition « Vincent Lamouroux. Néguentropie », jusqu’au 19 novembre 2012].
C’est que Vincent Lamouroux se fait rare depuis son démarrage tonitruant dans les années 2000. Depuis des œuvres remarquables ci et là au Mamco, au forum du Centre Pompidou, un prix Ricard, le bonhomme s’était fait discret. Alors, direction Saint-Ouen-l’Aumône et une grosse désillusion à la clef. Dans cette ancienne abbaye cistercienne qui offre tant de potentiel aux artistes (Stéphane Calais, Jan Kopp, François-Xavier Courrèges, Érik Samakh sont parmi les meilleurs exemples), Vincent Lamouroux ne convainc pas. L’idée était pourtant belle que d’enfouir le réfectoire sous le sable, d’y faire surgir un paysage de ruines. Mais, une fois la lourde porte ouverte et adopté le point de vue idéal, la progression dans l’espace n’apporte pas plus que ce premier coup d’œil. La traversée de ce désert de sable ne fait pas glisser la pensée dans une archéologie du contemporain. Quelque chose de bancal dans l’échelle sans doute, de trop feint, sûrement. On ne plonge pas dans la fiction, dans la possibilité d’une ruine ou d’un territoire esquissée ici. Le chemin à travers ces dunes ne mène d’ailleurs qu’à deux espaces non exploités par l’artiste. Un no comment lacunaire. Changement de lieu, et malheureusement aucune amélioration avec une sculpture de carton plâtré en forme de coquille d’escargot, calée dans l’angle de la salle, dissimulant les matériaux de sa construction, en vrac. La forme trop autonome ne s’articule pas aux autres propositions, pas plus qu’au lieu. Coup de grâce, l’ultime salle de cette trop courte exposition est une nouvelle fois remplie de sable. La magie n’opère pas. Pire, ce redoublement conduit à un jeu de comparaison parfaitement inutile. Vincent Lamouroux n’était ici manifestement pas au rendez-vous, et c’est une grande déception.
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À nos amours perdus
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°650 du 1 octobre 2012, avec le titre suivant : À nos amours perdus