Le 14 février 2003, cela fera un an que l’exposition consacrée à Sushan Kinoshita s’est ouverte à Anvers. Un an, c’est très long pour une exposition mais lorsqu’on prend en compte tous les remaniements que cette artiste a opéré au Muhka, on ne s’étonne plus. L’entrée s’effectue désormais par les sorties de secours, le hall principal étant tout simplement barré par l’un des modules en bois construits par cette Nippo-Hollandaise, élément prometteur de la scène artistique néerlandaise. Peu connue en France où elle a pourtant été exposée en 1997 par Francesco Bonami (le prochain commissaire de la Biennale de Venise) dans le cadre de « Delta », une exposition collective organisée au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, elle n’a rien d’une débutante sur la scène internationale. Présente à Venise en 1995, elle figure au « générique » des biennales d’Istanbul (1995) et de Johannesburg (1997), et a eu les honneurs du Van Abbemuseum d’Eindhoven, du White Cube de Londres et de la première édition de Manifesta à Rotterdam. À quarante-trois ans, son parcours est pour l’instant discret mais efficace. À Anvers, elle a envahi tout le rez-de-chaussée du musée et en a totalement transformé la configuration afin de prendre le spectateur au piège. Pour sa première grande exposition personnelle, elle a retravaillé d’anciennes installations et créé des films d’animations et de nouveaux modules sensoriels.
Ces structures en bois, des huttes comme elle les appelle, invitent le spectateur à vivre une expérience tantôt auditive, tantôt tactile ou même visuelle. Inspirées de la formation théâtrale et musicale de l’artiste, ces huttes s’emploient avec facétie à distendre le temps et l’espace et, surtout, à sortir le visiteur de sa passivité traditionnelle. Musique, texte et théâtre se conjuguent ainsi à la photographie, la vidéo et la sculpture pour ne jamais laisser de répit au spectateur, dont la présence est scénographiée malgré lui. Qu’une voiture rouge s’appuie à la verticale contre un mur ou que des ordinateurs diffusent de petits films, rien n’est acquis, rien n’est vraiment saisissable dans l’univers ouvert de cette artiste inclassable.
ANVERS, Muhka, Leuvenstvr. 32, tél. 3 238 59 60, jusqu’au 23 février.
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Noces de coton
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°544 du 1 février 2003, avec le titre suivant : Noces de coton