Paris-3e et Compiègne (60)

Napoléon Ier empereur des arts

Musée Carnavalet et Palais de Compiègne Jusqu’aux 30 août et 27 juillet 2015

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 23 juin 2015 - 318 mots

Le Paris haussmannien est si indissociable de Napoléon III que le dernier empereur des Français a presque éclipsé l’héritage de son célébrissime aïeul, Napoléon Ier.

On oublie aujourd’hui que l’Aigle, un brin mégalomane, voulut faire de la cité le phare de l’Europe, afin que la « capitale écrasât par sa splendeur toutes celles de l’univers ». Siège du pouvoir et théâtre de sa geste, Paris se couvrit alors de constructions de prestige et de monuments illustrant les gloires du régime : arcs de triomphe du Carrousel et de l’Étoile, colonne Vendôme ou encore la rue de Rivoli. Par ailleurs, on le sait moins, le chef de guerre se révéla aussi un administrateur avisé qui conçut des équipements modernisant la ville et apportant du confort à ses habitants. Et c’est bien à l’Ogre corse que l’on doit de nombreux marchés, fontaines et ponts, dont celui des Arts. Le Musée Carnavalet fait revivre ses ambitions architecturales et urbanistiques à travers une riche exposition composée de dessins, maquettes et paysages. Carton plein pour cette manifestation exploitant un sujet peu défloré, portée par une belle scénographie et utilisant intelligemment le multimédia.

À Compiègne, le Palais impérial a choisi une autre démarche : aborder un sujet usité, mais en mettant à mal les clichés qu’il véhicule. L’exposition entend ainsi démontrer la richesse et l’originalité du style Empire, une production polyphonique mais traditionnellement appréhendée à travers un filtre très simplificateur. Les peintures, sculptures et objets d’art rassemblés ici espèrent montrer que cette époque ne se cantonne pas à l’éloge de la figure de l’empereur et à l’exaltation d’une certaine rectitude morale héritée de l’antique. Au contraire, le parcours explique en quoi l’époque continue de goûter certaines formes chantournées et frivoles du XVIIIe et qu’elle est aussi le terreau fertile du préromantisme. Ce parti pris est certes très séduisant mais sa démonstration, mélangeant trop de sujets avec pour chacun trop peu de pièces, ne tient toutefois pas ses promesses.

« Napoléon et Paris, Rêves d’une capitale »
Musée Carnavalet, 16, rue des Francs-Bourgeois, Paris-3e, www.carnavalet.paris.fr

« Napoléon Ier ou la légende des arts »
Musée national du Palais de Compiègne, place du Général-de-Gaulle, Compiègne (60), www.musees-palaisdecompiegne.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Napoléon Ier empereur des arts

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