Art moderne - Art contemporain

Marseille (13)

Mystérieux Jules Perahim

Musée Cantini - Jusqu’au 24 avril 2022

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 25 janvier 2022 - 327 mots

Marseille tient une place particulière, souvent ignorée, dans l’histoire de l’art. C’est dans la ville phocéenne que les surréalistes trouvèrent refuge pendant la Seconde Guerre mondiale en 1941.

La révolution surréaliste constitue un axe majeur de la collection du Musée Cantini attachée à l’histoire de la ville comme en témoignent les œuvres de Masson, Ernst, Matta, Miró, Hérold, Brauner et d’autres. Pour cette exposition, l’institution présente cette fois le parcours d’une figure majeure du surréalisme en Roumanie : Jules Perahim (1914-2008). Moins connu que son ami et compatriote Victor Brauner, il a pourtant laissé une œuvre foisonnante entre poésie et contestation, entre drame et légèreté. Une œuvre qu’il développe dès le début des années 1930 à Bucarest, puis en France à partir de 1969. Le parcours aborde sa première période à travers de rares dessins au trait incisif et à l’humour noir, témoins d’une période peu glorieuse de l’histoire roumaine, publiés dans des revues contestataires d’esprit dada et surréaliste comme Unu ou Alge, ainsi qu’une sélection de toiles insolites comme le portrait de son compatriote Gherasim Luca au crâne ouvert fumant une pipe, un mystérieux pendu renversé dans Équilibre parfait, ou le portrait caricatural de dignitaires religieux dans Profil d’une morale. En 1969, Perahim décide de quitter son pays lors de l’ascension du national-communisme et s’installe à Paris. Ce départ est pour l’artiste une renaissance et s’inscrit sous le signe du merveilleux, du fabuleux, voire de l’énigme. Ses compositions colorées au crayon de couleur et à la peinture abondent de figures des mythes anciens, de créatures hybrides, réunissant l’animal et le végétal, le mécanique et l’organique, préfigurant ce qu’André Breton appellera la « surréalité ». Vers les années 1980, son œuvre s’oriente vers la représentation de vastes paysages oniriques qui se déclinent en plusieurs séries et mettent en avant des motifs récurrents : l’arbre (Un arbre se promène), les maisons (Maison à vendre), des ruines associant nature et géométrie, le réel et l’imaginaire, le visible et l’invisible « rendu visible ».

« Perahim, de l’avant-garde à l’épanouissement, de Bucarest à Paris »,
Musée Cantini, 19, rue Grignan, Marseille (13), musees.marseille.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°751 du 1 février 2022, avec le titre suivant : Mystérieux Jules Perahim

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