Motopoétique

Le résultat est contrasté. Artistes motards, artistes non motards mais fascinés par la moto, artistes non motards plus ou moins indifférents à la moto, mais heureux de participer à l’exposition : il paraît clair que chez les artistes hommes, passionnés talentueux ou modestes praticiens, il y en a pour tous les goûts. Parmi ces derniers, ne citons que Benedetto Bufalino (Français, né en 1982) et son habillage en carton d’emballage d’un « velib » lyonnais avec inscrit en gros sur le carton : YAMAHA. Et, parmi les « temps forts » de l’exposition, évoquons la fascinante vidéo de Shaun Gladwell (Australien, né en 1972), les photographies de Tuomo Manninen (Finlandais, né en 1962), de Patrick Weidmann (Suisse, né en 1958) et de Gérard Rancinan (Français, né en 1953). Ils dévoilent que ce n’est pas tant la moto objet qui est aujourd’hui puissamment porteuse de sens troublant et novateur que la moto perçue ou ressentie comme support de mythe, de rêve, de valorisation et de gamberge.

Mais c’est clairement du côté des artistes femmes que cette exposition est la plus stimulante. Elles ne sont que neuf sur la quarantaine d’artistes invités, et elles se révèlent les plus mordantes et sensibles, loin des clichés si souvent associés à l’univers motocycliste. Les cinquante mètres de velours rouge gravé de sidérantes empreintes de pneu, de Maro Michalakakos (Grecque, née en 1967), la bouleversante – au sens littéral – vidéo de Janet Biggs (Américaine du Nord, née en 1959) ne se limitent pas à l’exaltation d’une vigoureuse machine à chevaucher les grands espaces. Avec ironie et tendresse, Myriam Mechita (Française, née en 1974) honore une Yamaha Warrior 1700 d’une masse de perles colorées qui ne peut que la rendre inapte… à vivre son destin de bolide.