ROUEN
Cette « Ronde 2019 », quatrième édition rondement menée d’un généreux projet invitant treize artistes contemporains plus ou moins connus à investir des espaces dans huit musées et sites culturels, apparaît comme un millésime plutôt contrasté.
Confrontées à des lieux et à des collections muséographiques historiques, certaines réalisations d’artistes d’aujourd’hui peuvent apparaître quelque peu dérisoires. Tous ne sont pas à la hauteur de Jan Fabre au Louvre, hélas !, mais quelques-uns relèvent magistralement le défi. Suspendues entre des métiers à tisser, des cardeuses et autres imposantes machines-outils de l’ancienne manufacture drapière Blin et Blin ouverte à Elbeuf en 1872 et fermée en 1975, les photographies grand format de Stefano Bianchi, né en 1964 à Bologne (Italie), apparaissent magistralement à leur place dans les espaces de cette ancienne usine textile : à leur place, et cependant subtilement décalées, comme des spectres de ce qui était l’essence même de cette usine textile. Sur chaque photographie : des vieilles serpillières, des rectangles de tissus dégradés, usés par le labeur, beaux comme peuvent l’être de vieux visages ridés. Très éloignées de ces sobres présences, quatre exubérantes sculptures et trois aquarelles et encre sur papier de Rina Banerjee insufflent un revigorant souffle au sein du Musée des beaux-arts. Présenté en partenariat avec la Galerie Nathalie Obadia Paris/Bruxelles, son travail, explique l’artiste née à Calcutta (Inde) en 1963, « explore diverses périodes coloniales du subcontinent et dresse la carte des étapes complexes d’une diaspora indienne réinventée, identifiée et située géographiquement ». Impressionnant !
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Montagnes russes en Normandie