Du monde, Barceló dit n’aimer que la terre et les pierres, surtout « les terres tellement organiques qu’elles excitent les narines et font presque pourrir les pieds », les pierres serrées dans la main qui se transforment en poussière et la terre qui, à la cuisson, devient dure comme la pierre.
Alors, au Mali en 1995, un jour où une tempête de sable l’empêchait de peindre, il a appris d’une vieille villageoise à préparer la terre, à la pétrir et à la cuire, à réparer les fissures après la cuisson (L’Œil n°510). De ces premières tentatives sont sortis des « objets archéologiques », bustes et têtes, Pinocchio mort, autoportraits barbus et cornus, portant tous les traces de leur violente naissance : triturations de la matière, accidents de cuisson et brûlures des flammes. Dans la lignée de Gauguin, Picasso et Miró, s’essayant à des techniques traditionnelles et brouillant les frontières entre art et arts appliqués, Barceló a poursuivi l’expérience à Majorque, puis récemment à Angers pour réaliser les quelque 150 pièces qui composent cette exposition, avec des grands formats requérant une technique particulièrement affinée. Et dans cet acte de création à la fois primitif et complexe, brutal et soigné, hasardeux et maîtrisé, la lutte de la matière et de l’image prend une dimension toute vitale, entre apparition et enfouissement : hors du magma surgissent la forme et les couleurs, dans une aventureuse métamorphose qui, au final, reste tributaire du pouvoir des éléments.
PARIS, Musée des Arts décoratifs, jusqu’au 12 novembre.
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Miquel Barceló, de terre et de feu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Miquel Barceló, de terre et de feu