Mike Lee, mine de rien

Son talent alors au service d’autres visions que les siennes. C’est le soir venu que l’artisan laisse place à l’artiste, délaissant la tablette au profit du crayon, le sujet imposé pour ses envies démiurges. L’affranchi éphémère déploie alors son univers figuratif unique, personnel, libre, faussement mécanique, fait de volumes orthonormés taillés au cordeau, échappé de « sa » boîte à jouets. Ses axonométries toutes en rondeurs à la Botero font également écho aux riches combinaisons d’Escher, comme aux plus belles réalisations mezzotintes. Plus structurées, d’autres compositions frôlent celles de Vasarely. Exit la couleur, surgit la lumière, impeccable et brute, qui sculpte avec raffinement et délicatesse des volumes géométriques adoucis aux perspectives parfaites sans être acérées ni trop anguleuses. À une époque où règnent les images numériques et leur esthétique léchée, notre regard est saisi par le soin chirurgical apporté à ces compositions maniaques générées au prix d’interminables heures de travail. Avec un simple crayon. Passé la fascination de constater que l’image est le fruit d’une technique virtuose monacale appuyée par un geste ancestral, émerge le sens des mises en scènes proposées. Impressionné par New York oú il réside, Lee magnifie les rituels urbains, les tranches de vie des gens et les métiers ordinaires. C’est le contraste le plus saisissant de ses images : faire émerger l’infinie poésie du geste humain malgré les implacables et harassantes mécaniques du quotidien.