Art Contemporain - Cela fait plus de dix ans que l’on n’avait pas vu le travail de Matthew Barney dans une institution française.
S’il fut l’un des premiers artistes exposés par la Fondation Cartier à son ouverture en 1995, on se souvient surtout de l’opéra baroque de son cycle de films Cremaster, présenté en intégralité au Musée d’art moderne, en 2002. C’est autour d’une installation vidéo, Secondary, que s’articule cette exposition. Diffusée sur cinq canaux, Secondary prend pour point de départ un accident survenu lors d’un match de football américain à l’été 1978. Le choc entre le joueur Jack Tatum et le receveur de l’équipe adverse, Darryl Stingley, fut à l’origine de la tétraplégie de ce dernier. Dans la vidéo, l’événement chorégraphié est rejoué par onze performeurs, selon une dramaturgie au ralenti qui alterne avec des vues du studio de Barney, où une tranchée de terre argileuse fait écho aux blessures des joueurs. Par terre, un tapis déployé comme un tableau reprend les codes couleurs d’un terrain de football américain. Mais ce qui intéresse l’artiste dépasse les frontières du sport et des États-Unis : la corporéité du spectacle est ici matérialisée par des formes – en plomb, aluminium, terre cuite et plastique –, évoquant, explique-t-il, « la force, l’élasticité, la fragilité et la mémoire ». Mais aussi la vulnérabilité et la malléabilité. Car Matthew Barney est avant tout un sculpteur. Au sous-sol, sa série des « Drawing Restraint », dessins réalisés selon un protocole coercitif, le corps entravé, voire exposé au danger, explore les notions antinomiques et complémentaires de créativité et de contrainte. Introspective, car elle met l’accent sur un événement de l’histoire qui a, dit-il, télescopé sa propre biographie de jeune sportif débordant d’énergie, cette exposition assume également une forme rétrospective : son organisme a entretemps vieilli. Pour les nostalgiques, la Fondation Cartier organise une projection du cycle Cremaster au Christine Cinéma Club les 29 et 30 juin 2024.
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Matthew Barney et le football américain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°777 du 1 juillet 2024, avec le titre suivant : Matthew Barney et le football américain