Martin Bissière, fils du peintre Louttre.B et petit-fils de Roger Bissière, figure emblématique de la seconde école de Paris, se voit offrir par l’Arsenal une rétrospective de son travail : une soixantaine d’huiles et d’acryliques sur toiles, allant des années 1990 à aujourd’hui, qui révèle l’abstraction gestuelle d’un autodidacte déclarant, façon écorché vif : « La vraie vie, c’est la peinture parce que j’y joue ma vie. »
Né en 1962, Martin Bissière tâte du pinceau depuis 1985, après s’être essayé dans sa jeunesse à la musique. Dans les salles de l’exposition, des sentences du peintre sont affichées sur les cimaises, telle « La beauté est un paradis instable », et sur une vidéo où le plasticien affirme avec désinvolture : « Là, ce sont des traces de spray en relation avec l’oxygène, ça m’a fait respirer, oxygène ! » Oxygène étant le titre d’une série… Puis, on regarde alors une succession de toiles bariolées, monumentales, surjouant l’expressionnisme abstrait et semblant comme réalisées à la va-vite : couleurs délavées, biffures à la Zorro, traces de doigts essuyés sur le support, compositions hasardeuses. Sur les cartels, on a beau nous parler de séries, tout se ressemble : sur trente ans de carrière, aucune évolution manifeste ne se dégage. L’artiste, visiblement après avoir trouvé son style (un badigeonnage aux couleurs aléatoires), semble s’être enfermé très vite dans un maniérisme abstrait daté. Donnant l’impression fâcheuse d’avoir été déjà vue – un peu des lignes serpentines de Kirkeby, un extrait des zébrures noires de Franz Kline, les couleurs diluées d’Helen Frankenthaler, etc. –, cette peinture impersonnelle, digne d’un « patchworkiste » cherchant vainement son style, est plate et insignifiante, car sans enjeux. Une exposition étonnante dans une programmation pourtant exigeante, qui a déjà présenté, à l’Arsenal, Hucleux, Seguí, Viallat…
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Martin Bissière, une abstraction
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Abonnez-vous dès 1 €Arsenal-Musée de Soissons, abbaye Saint-Jean-des-Vignes, rue Saint-Jean, Soissons (02), tél. 03 23 53 42 40.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°684 du 1 novembre 2015, avec le titre suivant : Martin Bissière, une abstraction