Marquet, un Fauve en Méditerranée

Albert Marquet (1875-1947) fut l’un des Fauves de la première heure. Dans l’atelier de Gustave Moreau, il est le condisciple de Rouault, Manguin, Camoin et Matisse, avec qui il maintient une étroite relation de travail dans les premières années du siècle. Au Salon d’Automne de 1905, il fait partie de la fameuse salle 7, qu’un critique baptisera « cage aux fauves ». Mais sa peinture se signale déjà par un colorisme moins radical que celui de ses compagnons. En fait, sa palette évolue très vite vers ces gammes très nuancées de gris, de bruns et de beiges travaillés presque en camaïeu, qui font reconnaître un Marquet au premier coup d’œil. Si ses nombreux voyages le mènent parfois vers le Nord (Hamburg, Stockholm), il eut une prédilection pour les paysages du Sud. Comme les autres peintres fauves, il est enthousiasmé par la lumière du Midi : Saint-Tropez (où il arrive en 1905), Agay, Marseille, Sète, Céret, et au-delà de ces « tropiques françaises », Venise, Naples, Sidi bou Saïd, Alger. C’est cette Méditerranée selon Marquet qui est ici présentée, à travers une soixantaine de tableaux, aquarelles et céramiques. Les nombreux paysages de plages et de ports, réduits à leurs éléments essentiels, montrent à quel point l’univers de Marquet relève du règne de l’eau. Au-delà du sujet, c’est la peinture elle-même qui semble aqueuse, la couleur y vibre moins à la surface du tableau que dans les masses fluides et épurées qui le composent.