Mari Chordà, un féminisme pop

Le titre « Mari Chordà… i moltes altres coses » (« Mari Chordà… et bien d’autres choses ») fait référence au recueil de poèmes publié par l’artiste lors des « Premières journées de la femme catalane » à l’Université de Barcelone en 1976, donnant le ton d’un engagement féministe inhérent à son œuvre artistique. Après des études à l’École des beaux-arts de Barcelone, Mari Chordà, à la fois peintre, poète et activiste, n’a cessé d’explorer la représentation du corps féminin dans des compositions non figuratives, aux formes sinueuses et aux couleurs vives en aplats – qui ne sont pas sans rappeler l’influence pop des années 1960. L’exposition est constellée de poèmes faisant écho aux toiles et sculptures présentées, qui abordent différentes thématiques de l’intime féminin, de la vie quotidienne durant la grossesse et la maternité, à l’exemple de sa série des « Vagins », notamment la toile colorée du Grand Vagin (1966), propriété du Musée de la Reina Sofía, ainsi que son Autoportrait enceinte (1966-1967). D’autres œuvres plus tardives soulignent le côté ludique de son travail, en particulier la série des « Ous de felina » (« Œufs de félin »), des sculptures en bois et en tissu léopard réalisées sur plusieurs décennies. Puis l’exposition aborde le thème de l’eau, avec de nombreux dessins et aquarelles représentant la mer. Ils sont mis en dialogue avec des photographies sous-marines de corps nus et la remarquable installation Úter/Ou (Utérus/Œuf) de 2017, une capsule en osier de la forme d’un œuf, abritant l’enregistrement vidéo d’une femme nageant nue sous l’eau afin de recréer ce qu’entendrait un fœtus immergé dans le liquide amniotique. L’exposition du Macba résume avec fluidité la carrière artistique de Mari Chordà, donnant l’opportunité au public international de découvrir une artiste catalane méconnue.