Art moderne

XXE SIÈCLE

Mai-Thu, un Vietnamien à Mâcon

Par Itzhak Goldberg · Le Journal des Arts

Le 15 septembre 2021 - 282 mots

Mâcon. La production picturale de Mai-Thu (1906-1980) et sa réception sont indissociablement liées à l’histoire coloniale française du XXe siècle.

« Entre tradition et modernité : itinéraire d’un peintre vietnamien en France », titre du texte de catalogue signé d’Anne Fort, conservatrice au Musée Cernuschi et co-commissaire de l’exposition du Musée des Ursulines, résume bien son parcours.

Reçu à la première école des beaux-arts fondée à Hanoï, Mai-Thu suit une double formation. D’une part un enseignement académique – modelage, perspective –, d’autre part une initiation à l’art extrême-oriental, peinture sur soie et laque. Curieusement, c’est à la peinture à l’huile que l’artiste se consacre à ses débuts dans son pays. S’il traite parfois de sujets locaux, comme pour ce Portrait du moine Hoang Thac (1930), son style, un graphisme dépouillé, montre une attirance pour la peinture « occidentale ». Ainsi, lors de l’Exposition internationale de 1937 à Paris, l’artiste part en France. Engagé volontaire dans l’armée, Mai-Thu est démobilisé à Mâcon où il séjourne en 1940-1941. Le peintre y réalise des portraits de notables ainsi que le décor d’une chapelle de l’église Saint-Pierre. Puis il s’installe à Paris où il va pratiquer la peinture sur soie. Nostalgie ou exploitation d’une forme d’exotisme ? Quoi qu’il en soit, cette technique lui permet, écrit Anne Fort, « d’être reconnu en tant que peintre asiatique par les Français » et d’obtenir un succès auprès des collectionneurs. Les œuvres de petite taille, des représentations de femmes ou d’enfants, sont d’un raffinement qui confine parfois à la mièvrerie. Plus étonnantes sont les natures mortes, tantôt légères, flottantes même (Tulipes et freesias, 1978), tantôt d’une rigidité étrange (Nature morte à la bouteille de nuoc-mâm, 1975). Avec ces derniers travaux, Mai-Thu, trouve une véritable originalité.

Mai-Thu (1906-1980), écho d’un Vietnam rêvé,
jusqu’au 24 octobre, Musée des Ursulines, 5, rue de la Préfecture, 71000 Mâcon.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°573 du 17 septembre 2021, avec le titre suivant : Mai-Thu, un Vietnamien à Mâcon

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