L’utopie, versions ombre et lumière

Déployée tout l’été dans les espaces publics et monuments messins, la 6e édition du festival prolonge cette dynamique autour d’une programmation resserrée à deux parcours : « Art et jardins » et « Pierres numériques ». Pour la deuxième année consécutive, c’est Jérémie Bellot qui assure le commissariat du second. À la petite dizaine d’artistes et collectifs invités en 2022, l’artiste et architecte a proposé d’œuvrer autour des « nouvelles utopies ». Une manière selon lui de faire résonner l’actualité au cœur du patrimoine architectural. Au gré d’œuvres produites, et parfois acquises, par les collectivités et institutions locales, les neuf étapes du parcours « Pierres numériques » alternent ainsi entre échos du présent et préfigurations de l’avenir. C’est particulièrement le cas sur la cathédrale Saint-Étienne. Pour la première fois cette année, deux collectifs de renom international se voient confier à parts égales le mapping de la façade, point d’orgue de Constellations. Flightgraf (Japon) et OnionLab (Espagne) y déroulent une création en deux actes glissant de la célébration de la nature à l’évocation du changement climatique. L’inquiétude sourd aussi dans l’œuvre d’Anastasia Isachsen, déployée sous le dôme, ou les silhouettes fantomatiques dont Paolo Morvan et Romain Muller peuplent le cloître de l’hôtel de région. Chez Nicolas Paolozzi (Lotus) ou Yasuhiro Chida (Brocken 5) domine plutôt la volonté de donner à voir d’autres modes d’être au monde, méditatifs ou low-tech. Leur localisation dans deux jardins messins offre ainsi un prolongement au parcours « Art et jardins » imaginé par Dorothée Rachula, dont les dix œuvres jouent avec le contexte paysager, architectural, mais aussi social où elles prennent place.