Parce qu’il était tout à la fois un homme simple, quelqu’un de discret et d’entier, Louttre.B – qui vient de disparaître à 86 ans – n’avait pas jugé bon de décliner son identité.
Peut-être aussi se méfiait-il des malentendus auxquels il risquait de se trouver confronté s’il s’était fait appeler de son vrai nom, Marc-Antoine Bissière – celui de son père, Roger Bissière. Pourtant, Louttre.B n’avait pas à s’inquiéter. Du postcubisme à la non-figuration, son œuvre est bel et bien singulière, tantôt terrienne, tantôt solaire, toujours à ramener le regard sur la peinture elle-même.
Si le paysage et la nature morte constituent chez lui les vecteurs essentiels de sa motivation créatrice, il les transcende aussitôt qu’il s’en saisit parce que le sujet importe peu et qu’il n’est qu’un simple support : « Peu importe ce que l’on peint, il n’y a que la manière de peindre qui compte », aimait-il dire.
C’est que la démarche de Louttre.B est requise par une insatiable soif d’expérience. L’artiste n’a eu de cesse d’expérimenter, réfutant toute démarche subjective et privilégiant la dimension « laborieuse » de l’œuvre – entendue au sens premier du mot, le meilleur : « Pour moi, le travail seul est salvateur. » La sorte d’« insolente nécessité de la peinture », sous l’intitulé de laquelle est placée l’exposition cadurcienne, détermine l’art de Louttre.B à l’ordre d’une possibilité de rédemption de l’homme par la peinture. Du moins de la certification d’un être au monde, dans la jouissance de la matière colorée.
Musée de Cahors Henri-Martin, 792, rue Émile-Zola, Cahors (46), www.mairie-cahors.fr/musee
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Louttre.B, être au monde
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Louttre.B, être au monde