METZ
L’opéra au musée, quelle drôle d’idée ! Pas si l’on considère que le genre, cristallisé par Monteverdi au XVIIe siècle, s’est épanoui au XIXe dans le concept d’« œuvre d’art totale » (le Gesamtkunstwerk) cher aux romantiques allemands.
Pour cela, l’opéra a toute sa place au musée, comme le prouve l’exposition du Centre Pompidou-Metz. Programmée dans le cadre des 350 ans de l’Opéra de Paris, « Opéra Monde. La quête d’un art total » entend mettre en lumière la transversalité entre les arts, la rencontre entre les arts visuels, la musique, le chant lyrique, le théâtre et un livret pour donner naissance à une mise en scène. Confiée comme il se doit à une scénographe et costumière d’opéra, Małgorzata Szczęśniak, « Opéra Monde » ne propose pas une collection figée de décors, mais une traversée sensorielle à travers diverses expériences de mises en scène des XXe et XXIe siècles. Si la première salle met naturellement en vedette les peintres qui ont transposé leur pratique à la scène (Topor pour Le Grand Macabre, de Ligeti), la suite du parcours labyrinthique met en point d’orgue des expériences – ou des fantasmes, quand les projets ne furent pas réalisés – de synthèses opératiques des arts. L’une des plus connues est sans doute Einstein on the Beach, opéra pensé lors de sa création en 1976 à Avignon comme une suite d’images par Robert Wilson et Philip Glass. D’autres expériences sont plus confidentielles mais toutes aussi importantes, à l’instar du Saint François d’Assise de Messiaen donné en 1983 à Paris, merveilleux exemple de synesthésie des sons et des couleurs théorisée par le compositeur. Dans sa programmation parallèle, le Centre Pompidou souligne également les incursions de l’opéra dans l’art contemporain, tendance actuelle comme en témoigne le Lion d’or du pavillon lituanien à Venise, notamment avec la projection du film Les Indes galantes de Clément Cogitore (2018).
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : L’opéra au sommet de tous les arts