CAEN
Superstar de la peinture ancienne, Caravage n’a pas toujours bénéficié d’une telle gloire. Il y a un siècle, il était même quasiment inconnu.
C’est à l’historien de l’art Roberto Longhi que l’on doit sa redécouverte et la définition de son corpus. Ce dernier a en effet permis de réattribuer au peintre de nombreuses œuvres que l’on pensait exécutées par d’autres. Même si, depuis, la paternité de certaines d’entre elles fait débat, les spécialistes s’accordent sur l’apport fondamental de Longhi, tant par la thèse qu’il a consacrée au peintre ombrageux que grâce à sa première grande exposition dédiée au Caravage et ses disciples, les fameux caravagesques. Car Longhi a également été pionnier dans la compréhension de cette galaxie de suiveurs qui se sont appropriés les apports radicalement nouveaux du Caravage : à savoir le réalisme et un clair-obscur spectaculaire. Longhi ne s’est pas contenté d’un travail livresque ; il a bâti sa connaissance via le dessin. Pour mieux comprendre la composition des tableaux et leur singularité, le chercheur a ainsi réalisé de nombreuses études. De plus, pour pouvoir étudier à sa guise les œuvres et reconstituer des corpus, le chercheur a également constitué une collection qui compte aujourd’hui 250 tableaux. L’exposition caennaise en dévoile une quarantaine, accompagnée de dessins de Longhi afin de mieux comprendre la démarche singulière de l’historien. Outre Caravage, les tableaux de Ribera, Preti ou encore Valentin de Boulogne témoignent d’une vie au service de la grande peinture.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : Longhi, père du Caravage