L’exposition du Musée de l’Hospice Saint-Roch, à Issoudun, rend hommage à Marcel Jean, figure discrète mais active du Surréalisme.
ISSOUDUN (INDRE) - C’est à Marcel Jean que l’on doit une Histoire de la peinture surréaliste, ouvrage de référence paru en 1959, pour lequel l’auteur s’est longuement entretenu avec tous les artistes Dada et du groupe d’André Breton. Ses connaissances l’ont consacré comme théoricien et spécialiste du sujet. Or, du mouvement Surréaliste il en fut lui-même un membre actif, cumulant les cartes d’essayiste, de dessinateur, de peintre, d’aquafortiste, de médailliste et de designer. La rencontre entre l’artiste, décédé en 1993, et Sophie Cazé, conservatrice en chef du Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun, est à l’origine de « Marcel Jean. Acteur et témoin du Surréalisme », première exposition jamais dédiée à ce personnage resté dans l’ombre des membres plus flamboyants du groupe.
Formé à l’École nationale des Arts décoratifs, Marcel Jean gagne sa vie en dessinant des motifs pour l’industrie textile, activité qui le mène aux États-Unis, de 1924 à 1926, puis en Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans les cinq années qui suivent sa rencontre avec l’univers des Surréalistes en 1933, il contribue activement aux réunions, expositions, manifestations et publications du groupe. Son goût de l’expérimentation des techniques le mène vers la décalcomanie, le flottage ou encore le collage. Les œuvres réunies dans le cabinet des arts graphiques du Musée d’Issoudun évoquent cette quête de hasard et d’accident pictural, et illustrent la manière dont Marcel Jean a inventé sa propre iconographie tout en empruntant à ses comparses : les paysages aquatiques chez Tanguy, les formes indéfinies chez Léger, les transparences chez Picabia, les nus féminins chez Delvaux, le profil humain confondu à la nature chez Magritte, les éléments architecturaux chez de Chirico, les paysages oniriques chez Dalí… Les femmes mystérieuses et drapées, les corps transpercés, les mains, les portes ou les animaux sont autant d’éléments qu’il met en scène dès les années 1930, en les retravaillant parfois des décennies plus tard. Manuscrits, médailles et ouvrages complètent l’ensemble, témoignant d’une formidable diversité d’expression et d’une insatiable curiosité que son travail d’historien et de biographe a malheureusement éclipsées.
Parallèlement à cet ensemble graphique, l’œuvre peint de Marcel Jean, coloré et fantasmagorique, est au cœur d’« Autour du Surréalisme : René Magritte, Dorothea Tanning, Marcel Jean », exposition organisée avec le concours du Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou. Devenu établissement public de coopération culturel (EPCC) en 2003, l’ancien musée municipal d’Issoudun poursuit ainsi son travail de médiation et de valorisation des artistes surréalistes que l’Histoire, embarrassée par tant de complexité, a préféré oublier.
- Commissaire : Alexandrine Monnier, chargée d’exposition au musée
- Nombre d’œuvres : une centaine présentée dans le cabinet d’arts graphiques, et une vingtaine de peintures dans les salles d’exposition temporaire.
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À l’ombre des Surréalistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°281 du 9 mai 2008, avec le titre suivant : À l’ombre des Surréalistes