Il faut du temps pour appréhender l’œuvre d’Hervé Télémaque, lui trouver un fil conducteur formel et un mode de lecture. Le musée de la Poste qui lui consacre une rétrospective s’en tire d’ailleurs par une pirouette – Du coq à l’âne – un habillage élégant pour désigner la diversité créatrice de cet artiste français, né à Haïti en 1937. Il serait trop simple de réduire son œuvre, comme on le fait trop souvent dans les ouvrages généraux sur l’art, à la Nouvelle Figuration, un épisode artistique du milieu des années 1960. Plusieurs artistes dont Télémaque, Rancillac et Monory rompaient alors avec l’abstraction dominante et réintroduisaient le sujet dans le sillage du Pop Art.
L’œuvre de Télémaque a déjà traversé quatre décennies et emprunté plusieurs techniques qui brouillent sa lisibilité immédiate : peintures, sérigraphies, collages, assemblages, dessins. Les toiles elles-mêmes désarçonnent. Elles sont composées le plus souvent de formes, aux contours souvent nets, pleines de couleurs vives et posées en aplat, assemblées, juxtaposées sur un fond parfois monochrome. Quelquefois, surgissent des motifs connus, un âne, une silhouette féminine, un trombone. L’inspiration surréaliste n’est pas loin et il ne faut pas chercher dans le thème de l’esclavagisme, pourtant cher à l’artiste, la source principale et unique de son iconographie. Prendre son temps, donc, pour apprécier la centaine d’œuvres, (dont plusieurs de la galerie Louis Carré) et forcer son regard à accepter l’inexplicable.
« Hérvé Télémaque, du coq à l’âne », PARIS, musée de la Poste, 34 bd de Vaugirard, XVe, tél. 01 42 79 24 24, 25 mai-27 août.
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L’œuvre discontinue d’Hervé Télémaque
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°570 du 1 juin 2005, avec le titre suivant : L’œuvre discontinue d’Hervé Télémaque