Le Musée d’Orsay, cédant à la mode des cartes blanches, a invité Werner Spies à puiser dans son immense fonds d’art graphique les dessins de son choix.
Bien lui en a pris, tant la sélection de l’ancien directeur du Musée d’art moderne de Paris est belle et pertinente au regard du fil conducteur de l’exposition : l’intériorité, celle des artistes du XIXe dont les 155 dessins réunis composent les archives d’un siècle tourmenté, épris de rêves et de liberté. Procédant par affinités formelles et iconographiques, Werner Spies a regroupé les œuvres par thèmes : rêves d’architectes, nus féminins, monstres et chimères, mort et mélancolie, solitude, néant, chaque section étant illustrée de chefs-d’œuvre célébrissimes ou méconnus. Ainsi, un autoportrait de Fantin-Latour dialogue-t-il avec celui de Lovis Corinth, les glaneuses de Millet avec celles de Segantini, l’ange de Jean-Paul Laurens avec celui de Carlos Schwabe, etc. Ces rapprochements, souvent saisissants, sont entrecoupés d’ensembles monographiques dédiés aux dessinateurs de génie que furent Degas, Seurat, Moreau, Daumier, Redon ou encore Cézanne. Le voyage graphique est entêtant et les songes d’artistes déroutants. À la fin du parcours, on fait sienne la phrase de Maeterlinck qui sert de préambule à l’exposition : « Je ne pourrai plus sortir de cette forêt. » Ceux qui ont trouvé l’issue prolongeront l’expérience avec le somptueux catalogue où des artistes contemporains ont été invités à construire les « archives du rêve » du XXIe siècle.
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L’oeil de Werner Spies
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Abonnez-vous dès 1 €Musée de l’Orangerie, jardin des Tuileries, Paris-1er
www.musee-orangerie.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°669 du 1 juin 2014, avec le titre suivant : L’oeil de Werner Spies