MILAN / ITALIE
Si les chiffres constituent un indicateur insuffisant pour juger de la qualité d’une exposition, ils permettent toutefois de mesurer l’ampleur du travail mené en amont ou le tour de force que représente la mise en place d’un projet.
En affichant deux cents œuvres, dont près d’un quart inédites, les Gallerie d’Italia et le Museo Poldi Pezzoli ont clairement pour ambition de signer une exposition qui fera date. D’autant plus que les deux institutions, l’une privée l’autre publique, se sont attaquées à un défi de taille ; aborder de manière très fouillée un thème jamais traité avec une vue d’ensemble, le romantisme en Italie. Pari supplémentaire, les organisateurs explorent une période pratiquement méconnue du public où ont officié des artistes aujourd’hui presque anonymes, à l’exception de Francesco Hayez et des musiciens de l’époque. En effet, si les nombreux peintres et sculpteurs actifs dans la Péninsule durant l’Ottocento font aujourd’hui figure d’illustres inconnus, les maîtres de l’opéra de l’époque, à commencer par Verdi, sont toujours des icônes du bel canto et même des étendards internationaux du romantisme. Le parcours s’ouvre d’ailleurs sur une belle sélection de costumes historiques, conservés au théâtre de la Scala, qui donnent d’emblée un souffle romanesque et une atmosphère historiciste à la visite. Cette coloration, qui sied on ne peut mieux au propos, est encore renforcée par l’architecture même des deux espaces d’exposition. Les Gallerie sont en effet situées dans une banque de la Belle Époque, tandis que Poldi Pezzoli est la maison-musée d’un grand collectionneur du XIXe siècle. Dans ces deux écrins ad hoc se déploie une fresque passionnante où les aspirations artistiques nouvelles se confondent avec l’histoire de l’Italie. Tout en rendant justice à des peintres injustement relégués au second plan comme Giuseppe Molteni, Ippolito Caffi ou le surprenant paysagiste Giuseppe Pietro Bagetti. Une démonstration aussi nécessaire qu’enthousiasmante !
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°718 du 1 décembre 2018, avec le titre suivant : L’Italie enfin en quête de Romantisme