Linder corps marchand

Le parcours de l’exposition est scindé en deux parties : l’une porte sur les débuts à Manchester, l’autre sur les années 2000. Près de deux cents œuvres, photographies, photomontages, caissons lumineux, costumes et retransmissions de performances, montrent une artiste engagée – elle a appartenu aux mouvances punk et féministe –, sachant allier message politique et recherche esthétique : ses collages faits maison, dans la lignée du Do It Yourself punk, sont réalisés avec un soin extrême. Fidèle à la réunion des contraires pratiquée par les surréalistes, la provocatrice Linder crée des collages transgressifs, tels des femmes à tête d’appareils électroménagers et des vagins en forme de gâteaux, qui questionnent l’image de la femme en tant qu’objet commercial dans la société consumériste.

Le visiteur, qui évolue dans des pièces couleur chair puis derrière des voilages masquant des images pornographiques volontairement outrancières, est invité à réfléchir sur la femme-objet, sur la marchandisation des corps ainsi que sur l’indécence de l’imagerie publicitaire – la pub n’hésitant pas à utiliser les codes de la pornographie pour pousser à la consommation. Bref, tant en ce qui concerne son propos féministe, toujours d’actualité, que son fort impact visuel, cette expo à la « beauté convulsive » s’avère vraiment convaincante.

Seul bémol, la boutique du musée. On s’étonne d’y trouver des produits dérivés (tee-shirts, essuie-verres, macarons à la rose) labellisés Linder, cette marchandisation de la culture étant bien opposée à la sensibilité punk qui l’anime.