PONT-AVEN
Héritiers à la fois de Monet et de Gauguin, les peintres Maufra, Moret, Loiseau et Puigaudeau sont au cœur d’une exposition où se dévoile une part de l’âme bretonne.
Pont-Aven (Finistère). L’impressionnisme est fortement ancré en Bretagne. Au Musée de Pont-Aven, la conservatrice Estelle Guille des Buttes en fait la démonstration en rappelant qu’à son arrivée dans le village, en juillet 1886, Paul Gauguin (1848-1903) se réclamait de ce mouvement. Et, si ses recherches ont donné naissance à d’autres esthétiques, des peintres avec lesquels il a échangé sont restés impressionnistes tout en intégrant des innovations venues du cloisonnisme et des Nabis. C’est le cas de Maxime Maufra (1861-1918), Henry Moret (1856-1913), Gustave Loiseau (1865-1935) et Ferdinand Loyen du Puigaudeau (1864-1930) dont les œuvres bretonnes sont au cœur de cette exposition comptant environ 80 numéros.
Alors qu’en octobre 1886 Gauguin et Maufra exposaient dans la fameuse salle IX du Salon de Nantes, Claude Monet (1840-1926) avait préféré ne rien y envoyer et partir peindre à Belle-Île (Morbihan). Pépite de ce fructueux automne en Bretagne, Pluie à Belle-Île est présentée à Pont-Aven. Avant cette œuvre sont exposés des Gauguin impressionnistes dont une petite Nature morte, vase de fleurs à la fenêtre (vers 1881). Côte rocheuse en Bretagne (1886), toile encore empreinte de divisionnisme exécutée par Émile Schuffenecker, rappelle le rôle joué par ce proche de Gauguin : avec Émile Bernard, il organisa en 1889 à Paris l’exposition Volpini évoquée dans la salle suivante.
La suite du parcours est consacrée aux œuvres bretonnes de Maufra, Moret, Loiseau et Puigaudeau. Elles sont présentées par affinités de couleur, de lumière et de thème. Un régal aux yeux des Bretons, très au fait de la production de ces peintres, et une découverte pour les autres. À côté de prêts des collections publiques françaises, du Petit Palais de Genève et de collections particulières, le musée présente quelques-chefs-d’œuvre comme La Crique (1894, [voir ill.]) de Maufra, qui tient sa force de la toile laissée en partie libre, et L’Office du soir ou le Calvaire de Rochefort-en-Terre (1896) de Puigaudeau, un nocturne, genre dont ce peintre fut un virtuose.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°533 du 15 novembre 2019, avec le titre suivant : L’impressionnisme à la lumière de Pont-Aven